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Afrique : environ 70% des banques exposées au risque de change (rapport)

En dépit de plusieurs théories économiques élaborées par les chercheurs et mises à la disposition des banques opérant en Afrique, ces dernières continuent de faire face à l’aporie du risque de change sur le continent.
Selon un rapport publié récemment par le partenariat Making finance work for Africa ( MFW4A), une initiative axée sur le développement des systèmes financiers en Afrique, il ressort que 69% de ces institutions bancaires reconnaissent qu’elles sont fortement exposées au risque de change, qui découle essentiellement de l’asymétrie créée par la mobilisation par ces établissements de financement en devises fortes et l’octroi de prêts en monnaies locales.
Une telle situation pourrait dorénavant se traduire par une décote des institutions financières sur le continent, renseignent les prévisionnistes.
Intitulé « FX risk in the African Banking sector : Survey report », le rapport se base sur une enquête menée entre juillet et décembre 2023. Cette dernière (l’enquête) indique qu’environ 60% des banques africaines pensent que les produits financiers visant à réduire leur exposition aux fluctuations du marché des changes à l’instar des contrats à terme et des swaps de devises sont coûteux.
En général, ces banques mobilisent des financements en dollar américain et/ou en euro auprès des investisseurs internationaux, des institutions financières multilatérales ou encore des institutions de financement du développement (IFD), alors que leurs prêts sont principalement libellés en monnaies locales.
La majorité des institutions interrogées (58%) accordent des prêts libellés en monnaie locale et en devises étrangères, alors que 36% prêtent uniquement en monnaie locale et 6 % ne prêtent qu’en devises étrangères. Ces dernières opèrent dans des pays où l’économie est fortement « dollarisée », comme le Soudan du Sud et la Somalie.
Toutefois, 65 % des banques et des IFNB qui prêtent en devises étrangères, déclarent que moins de 25% seulement de leur portefeuille de prêts est libellé dans ces devises.
Du côté du passif, plus d’un tiers des institutions interrogées affirment que 50 % ou plus de leurs fonds et dépôts sont libellés en devises fortes, et un cinquième disent que la proportion de leurs avoirs en devises étrangères se situe entre 25 et 50 %. Il apparaît ainsi que la proportion de financements et de dépôts collectés en devises fortes est bien plus élevée que celle des prêts libellés en devises étrangères, ce qui entraîne un important écart entre les actifs et les passifs en devises étrangères. Conséquence : les financements obtenus en devises fortes sont principalement convertis en prêts en monnaies locales.
Pour éradiquer la quadrature du cercle à laquelle les banques sont confrontées, le rapport recommande aux régulateurs et aux décideurs de prendre des initiatives pour favoriser un environnement propice à la croissance des marchés de capitaux africains et d’établir de nouvelles règles prudentielles portant sur limites des positions nettes ouvertes (PNO) des banques commerciales ainsi que sur les plafonds des prêts et des avoirs en devises fortes.
Il sied d’indiquer que ledit rapport est issu d’une enquête menée auprès de 31 banques et 5 institutions financières non bancaires (IFNB) opérant dans les diverses sous-régions du continent dont 19 en Afrique de l’Ouest, 7 en Afrique australe, 6 en Afrique de l’Est, 3 en Afrique du Nord et 1 en Afrique centrale).
Flory Musiswa/Stagiaire