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Banque mondiale : création d’un fonds pour une exploitation minière adaptée à l’action climatique
La Banque mondiale a lancé récemment son mécanisme pour une exploitation minière adaptée à l’action climatique. Il s’agit d’un premier instrument au monde ayant vocation à soutenir une exploitation minière adaptée à l’action climatique et durable. Ce dernier va contribuer à introduire des pratiques durables d’extraction et de transformation des minéraux et des métaux entrant dans les technologies utilisées pour les énergies propres.
Ce mécanisme cible les pays en développement riches en ressources pour leur permettre de profiter pleinement d’une hausse de la demande de produits miniers tout en veillant à ce que la gestion de l’extraction minimise l’empreinte environnementale et climatique.
En effet, la Banque mondiale a prévu d’investir au total 50 millions de dollars sur une période de cinq ans. Le mécanisme s’emploie à privilégier les activités autour de quatre axes centraux. Il s’agit de : « l’atténuation du changement climatique ; l’adaptation au changement climatique ; la réduction des conséquences matérielles ; et la création de débouchés pour contribuer à la décarbonisation et la réduction des impacts tout au long de la chaîne de valeur des minéraux indispensables aux technologies utilisées dans les énergies propres. »
Eligibilité des projets
D’après un communiqué de la Banque mondiale, les projets éligibles doivent répondre à certains objectifs. Ils devront notamment :
- soutenir l’intégration des énergies renouvelables dans les opérations minières, sachant que le secteur extractif représente 11 % de l’utilisation énergétique totale dans le monde et que les exploitations minières dans des zones reculées fonctionnent souvent au diesel ou au charbon ;
- favoriser l’utilisation stratégique des données géologiques afin de repérer les sites associés aux « minerais stratégiques » ;
- pratiquer une exploitation minière respectueuse des forêts, pour prévenir la déforestation et soutenir les pratiques d’utilisation durable des terres ou la reconversion des anciens sites miniers ;
- recycler les minéraux, en aidant les pays en développement à se convertir aux principes de l’économie circulaire et réutiliser ces produits d’une manière respectueuse de l’environnement.
Pour la transition décarbonée
La création de ce mécanisme procède directement d’un rapport de la Banque mondiale, intitulé « The Growing Role of Minerals and Metals for a Low-Carbon Future. » Celui-ci concluait qu’un avenir décarbonné serait beaucoup plus vorace en minéraux qu’anticipé dans un scénario de maintien du statu quo. La demande mondiale de minéraux stratégiques — lithium, graphite et nickel notamment — va littéralement exploser d’ici 2050, avec des hausses de respectivement 965, 383 et 108 %.
« Si cette évolution de la demande de minéraux et de métaux ouvre de réelles perspectives pour les pays en développement riches en ressources, elle s’accompagne aussi de nouveaux défis : sans pratiques d’extraction respectueuses du climat, les effets négatifs de cette activité iront croissant, au détriment des communautés vulnérables et de l’environnement », précise la Banque mondiale.
Ainsi donc, le fonds fiduciaire multi-donateurs va accompagner les pays en développement et les économies émergentes pour la mise en œuvre de stratégies et de pratiques durables et responsables dans l’ensemble de la filière. Le gouvernement allemand et les entreprises privées Rio Tinto et Anglo American font partie de ses partenaires.
Et d’insister : « le mécanisme aidera par ailleurs les gouvernements à installer un cadre politique, réglementaire et juridique solide pour promouvoir une exploitation minière adaptée à l’action climatique et créer les conditions propices à des investissements privés. »
A tout prendre, la Banque mondiale affirme soutenir d’une transition décarbonée dès lors que l’activité minière respecte le climat et s’appuie sur des filières durables et propres. Des pays en développement ont un rôle décisif à jouer dans cette transition, en exploitant les minéraux stratégiques sans nuire aux communautés, aux écosystèmes ni à l’environnement.
« Les pays dotés de minéraux stratégiques disposent ainsi d’une occasion idéale pour profiter de la transition mondiale vers les énergies propres », a déclaré Riccardo Puliti, directeur principal et chef du pôle Énergie et industries extractives à la Banque mondiale.
Eric TSHIKUMA