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Erick Kasongo : « le drame de Matadi-Kibala est consécutif à un problème de gouvernance »

Les voix s’élèvent pour tenter de décrypter les contours du drame survenu, ce mercredi 2 février 2022, au marché de Matadi-Kibala, situé dans la commune de Mont-Ngafula, à Kinshasa, arrachant la vie à 26 personnes.
Dans un entretien exclusif accordé à Zoom-eco.net, Erick Kasongo, Porte-parole du Réseau Mwangaza, une organisation de la société civile qui milite pour l’accès à l’énergie pour tous, estime que le drame de Matadi-Kibala est le résultat d’une mauvaise gouvernance de la ville de Kinshasa.
Il considère que la Société Nationale d’Electricité (SNEL SA) n’est pas la seule responsable de l’incident malheureux dû au sectionnement d’un conducteur de phase sous-tension. Car, dit-il, dans la ville de Kinshasa, plusieurs personnes occupent même des endroits qui sont censés être « inexploités ».
Pour lui, les représentants de l’État sont eux-mêmes complices dans la spoliation des espaces censés être laissés vides. Sans aucune activité.
« C’est un problème de la gouvernance. Ce n’est pas seulement en dessous de câble haute-tension qu’il est interdit de construire. Il y a beaucoup d’endroits où il est interdit de construire. Mais il se trouve que ceux qui sont les représentants de la loi, sont ceux qui délivrent les autorisations dans ces sites. Nous pouvons par exemple parler, dans le secteur ferroviaire, qu’il y a des zones « tampon » où passent les rails. Mais si aujourd’hui si vous empruntez le chemin qui va de la gare centrale jusqu’au quartier Riflard en passant par Limité, vous constaterez beaucoup d’empiétements de la concession ONATRA avec l’autorisation des responsables de l’ONATRA », a déploré Maitre Erick Kasongo.
D’après ses explications, certains occupants de ces lieux disposent des documents qui leur ont été délivrés par l’autorité de l’État. D’autres ont même le certificat d’enregistrement dans une zone dite « interdite ».
Responsabilités partagées
Face au drame de Matadi-Kibala, l’activiste de la Société civile, Erick Kasongo, soutient que les responsabilités sont partagées.
« Dans pareilles circonstances, il faut établir les responsabilités. On ne peut pas seulement blâmer la SNEL dans cette situation. Nous pouvons la blâmer pour ses infrastructures qui sont devenues vétustes, mais il y a toujours des indications qui montrent que les câbles de la SNEL représentent un réel danger pour la population notamment avec ses indications 6600 volts danger! », a-t-il révélé.
Et de renchérir : « Donc, il faut élargir le cercle des responsabilités en commençant par les autorités communales en passant par les autorités urbaines qui ont loti dans ces lieux mais aussi les autorités policières qui ont été témoins de ces anomalies et qui ne les ont pas dénoncées. »
A en croire le Porte-parole du Réseau Mwangaza, le cas du marché de Matadi Kibala n’est qu’un point qui illustre la situation dans la ville de Kinshasa.
Maître Erick Kasongo pense que la SNEL peut être tenue responsable pour le manque d’entretien de ses câbles qui datent de très longtemps, mais il y a aussi le problème de celui qui doit contrôler la SNEL qui n’a pas si bien fait son travail.
Indemnisation des victimes
Erick Kasongo, Porte-parole du réseau Mwangaza, conseille, à cet effet aux familles de victimes, de saisir l’État pour que celui-ci prenne toutes ses responsabilités.
« Maintenant, comme il s’agit de plusieurs personnes, cette affaire aura beaucoup plus de poids si ces familles fédèrent pour qu’une seule action puisse être menée dans le but de solliciter les indemnités auprès de l’État », a-t-il conclu.
Il sied de rappeler que le Chef du Gouvernement congolais, Jean-Michel Sama Lukonde, a lui-même fait le déplacement sur le lieu du drame pour se rendre compte de la situation.
Le Premier Ministre s’est fait accompagner par le Vice-Premier Ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, Daniel Asalo, le Ministre des Affaires Humanitaires, Modeste Motinga, le Ministre des Ressources Hydrauliques et Electricité, Olivier Mwenze, le Ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya ainsi que le Gouverneur de la ville province de Kinshasa, Gentiny Ngobila.
Le bilan provisoire du drame de Matadi-Kibala fait état de 26 personnes tuées dont 24 femmes et 2 hommes, à la suite d’un coup de foudre qui aurait occasionné la coupure d’un conducteur sous-tension de la Société Nationale d’Electricité (SNEL) sur l’avenue Malanda, à Matadi Kibala dans la commune de Mont-Ngalula.
Mitterrand MASAMUNA