a la une
Eve Bazaiba : « les forêts de la RDC séquestrent quotidiennement près de 24,5 Gigatonnes de gaz à effet de serre »

Les forêts de la République Démocratique du Congo (RDC) séquestrent quotidiennement près de 24,5 Gigatonnes de gaz à effet de serre, alors que ses 105 Km2 de tourbières constituent un stock naturel d’environ 30 Gigatonnes de dioxyde de carbone, soit l’équivalent de plus de deux ans d’émissions mondiales.
Ces propos ont été tenus par Madame Eve Bazaiba, Vice-Première Ministre, Ministre de l’Environnement et du Développement durable, dans son mot de bienvenue à l’occasion du lancement, ce lundi 3 octobre 2022, des travaux préparatoires de la COP 27 sur le changement climatique au Palais du peuple à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC).
Madame Eve Bazaiba estime qu’il est urgent de rehausser profondément et radicalement les ambitions climatiques et passer aux actes avant qu’il ne soit trop tard.
« En vertu du principe de responsabilités communes mais différenciées, et du principe pollueur payeur qui forment l’épine dorsale du régime juridique international de la lutte contre le changement climatique, nos États ont chacun l’obligation d’agir contre ce phénomène très rapidement, efficacement et surtout proportionnellement à la part de responsabilité que chacun porte dans cette crise, afin de sauver la planète. C’est une question d’éthique et de de morale climatique. », a-t-elle déclaré.
D’après Madame Bazaiba, plusieurs raisons justifient la décision de la RDC à organiser les travaux préparatoires de la COP27.
« En tant que Etat membre du Bassin du Congo, plusieurs raisons ont conduit mon pays à solliciter l’organisation des travaux préparatoires de la Conférence des parties à la Convention Cadre des Nations-Unies sur le Changement climatique, alors que celle-ci revient sur le continent africain pour la 3ème fois depuis 1992 date de l’adoption de la Convention. Il s’agit notamment : de l’urgence d’attirer l’attention de la communauté climatique internationale sur le Bassin du Congo, une région cruciale à la lutte contre le changement climatique, mais qui n’a à ce jour bénéficié que de très peu d’attention, alors qu’elle rend d’immenses services écosystémiques à l’humanité toute entière, dont notamment la protection de la biodiversité et la séquestration du carbone atmosphérique ; de souligner le fait que notre région est à la fois victime des effets du changement climatique, et a une besoin de plus en plus pressant d’adaptation, alors qu’en même temps nous sommes détenteurs d’une bonne partie de la réponses basée sur du fait de nos immenses ressources naturelles, notamment notre biodiversité et nos 268 millions d’ha de forêts tropicale. », a-t-elle martelé.
Au-delà des raisons évoquées par Madame Eve Bazaiba, elle n’a pas manqué de mettre en exergue les préoccupations en rapport avec la préservation de son patrimoine forestier et de l’adaptation de son économie, de ses infrastructures et de ses communautés aux impacts négatifs du changement climatique.
« Nous citons en premier lieu la tendance à la banalisation du non-respect des engagements internationaux pris par les parties à la Convention cadre des nations unies sur le Changement climatique, avant et pendant la COP26 ; en second lieu la question des pertes et dommages liée aux impacts du changement climatique qu’il faut distinguer de celle de l’adaptation au changement climatique et les aborder séparément,vu que les pertes et dommages se réfèrent aux urgences et à des circonstances temporelles, alors que l’adaptation s’adresse plutôt à des circonstances plus structurelles à programmer sur du long terme. En d’autres termes, pendant que nous-nous préoccupons des moyens de gérer les urgences que le changement climatique cause dans des régions qui en sont le plus exposées, ce que nous saluons comme membres de la communauté des acteurs climatique internationale, nous soulignons qu’il est encore plus urgent de se pencher profondément sur les changements structurels que l’adaptation au changement climatique impose aux communautés des pays les moins avancées, qui souvent se retrouvent dépourvues des ressources technologiques et financières pour ce faire. En troisième lieu, nous citons la difficile cohabitation entre les questions de survie d’une part, et celles relatives à la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’autre part. », a-t-elle déclaré.
La Vice-Première Ministre, Ministre de l’Environnement et Développement durable, Eve Bazaiba, fait aussi remarquer que plusieurs pays africains ont du mal à opérer un choix entre la survie de leurs populations et le contrôle des émissions de gaz à effet de serre, alors que le continent n’est responsable que de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Consciente qu’une telle dotation en ressource naturelle ne saurait aller sans une responsabilité qui s’y rattache de manière presque automatique, dit-elle, la RDC s’est présentée au monde comme un Pays solution à la crise climatique, ayant pris conscience de la relation qui existe entre ses ressources naturelles et le changement climatique, et la responsabilité qui s’y rattache, dans un contexte de lutte contre l’extrême pauvreté de sa population.
Il sied de noter que ces assises ministérielles seront une rencontre pratique et riche en contenus comprenant des débats ministériels ; des tables rondes ; des exposés des orateurs principaux en vue de poser des bases sur
les thématiques qui seront abordées lors la COP27 en République Arabe d’Egypte.
Patrick BOMBOKA