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Isidore Kwandja : « qui sont les grands gagnants de la réforme de la CEEAC ? »

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CEEAC

TRIBUNE – Sous la présidence du chef de l’État gabonais et président en exercice sortant de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), Ali Bongo Ondimba, les chefs d’État de onze pays membres de la CEEAC ont tenu la dix-septième session ordinaire le 30 juillet dernier.

La session était essentiellement axée sur la réforme institutionnelle en vue du renforcement du processus d’intégration sous-régionale.

Il est important de rappeler que lors de la seizième session ordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement qui s’était tenue à N’Djamena au Tchad, le 16 novembre 2014, il avait été convenu que la dix-septième session ordinaire se tiendra deux ans après, à Libreville au Gabon.

Initialement prévue en 2016, il a fallu attendre quatre ans après pour finalement tenir la prochaine session ordinaire. Lors de cette session qui s’est tenue par visioconférence, les chefs d’État ont procédé à la redistribution des cartes pour donner un nouvel élan à cette organisation sous-régionale qui a de la peine à émerger, à l’instar de la CEDEAO.

Le président Bongo Ondimba qui assurait la présidence tournante de cette institution pendant une période de cinq ans à compter de 2015, va céder finalement la place à son homologue congolais Denis Sassou-Nguesso.

La plus grande réforme institutionnelle qui pourrait véritablement modifier la dynamique à la CEEAC, est sans doute la transformation, de ce qui était autrefois le Secrétariat général, à la Commission et la création de cinq postes de Commissaires.

REDISTRIBUTION DES CARTES

Le Tchad qui assurait consécutivement le secrétariat général de l’organisation depuis neuf ans, Nassour Guelengdouksia Wado (2012-2013) et Ahmad Allam-Mi (2013-2020), après avoir succédé au Congo-brazzavillois Louis Sylvain Goma qui l’occupait depuis douze ans, va également céder ce poste à un Angolais qui deviendra le tout premier président de la Commission de la CEEAC.

Le Rwanda qui pilote déjà, au niveau continental, le développement du marché africain à travers la Zone de libre-échange continentale (ZLCAF), dans le but d’intégrer à terme l’ensemble des États africains au sein d’une zone de libre-échange, a raflé le plus important commissariat de l’organisation sous-régionale chargé de développer le futur marché commun de onze États membres et de poser des jalons requis pour bâtir un avenir économique commun.

Le Tchad se voit confié le commissariat chargé des affaires politiques, un domaine stratégique important et vital pour renforcer les relations multilatérales. Le Tchad étant connu dans les deux sous-régions (CEEAC et CEDEAO) pour son implication dans les questions relatives à la paix, la sécurité et la défense du continent.

Le Congo Brazzaville, en plus d’assurer la présidence tournante de la CEEAC, obtient le commissariat chargé de l’environnement.

Il faut dire que la forêt du Bassin du Congo qui s’étend sur plus de 3,6 millions de kilomètres carrés et six pays, du Cameroun à l’ouest à la République démocratique du Congo, est la deuxième plus grande forêt tropicale au monde et un réservoir de carbone après l’Amazonie. Cette forêt se positionne aujourd’hui comme un outil non négligeable dans la lutte contre les changements climatiques.

Le président Denis Sassou-Nguesso qui en a fait son cheval de bataille, a créé un Fonds bleu pour le Bassin du Congo pour permettre aux États de la sous-région de passer d’une économie liée à l’exploitation des forêts à une économie s’appuyant davantage sur les ressources issues de la gestion des eaux.

Le Cameroun, quant à lui, obtient le commissariat chargé du développement des infrastructures. Un autre domaine important qui devra marquer un tournant décisif avec des projets d’infrastructure requis pour accélérer l’intégration économique sous-régionale.

Et, enfin, la RDC avec ses 2 345 409 Km² sur une superficie sous-régionale de 6 640 600 Km² et une population estimée actuellement à plus de 90 millions d’habitants sur une population totale de la sous-région estimée à près de 187 millions, soit la moitié de la population de la sous-région, obtient le commissariat chargé de la promotion du Genre et développement social.

Il est toutefois nécessaire de mentionner que la CEEAC est une des organisations sous-régionales la moins intégrée économiquement pour diverses raisons. Sur les 11 pays qui forment cette organisation, plus de la moitié sont en situation post-conflit armé, et les autres n’ont pas pour autant été épargnés des conséquences néfastes de ce fléau.

À toutes fins utiles, la paix et la sécurité sont les conditions sine qua non d’un développement économique durable en Afrique centrale. Il est bien évident que lorsqu’il existe une volonté politique, des solutions peuvent être trouvées pour une paix durable dans cette sous-région.

Isidore KWANDJA NGEMBO, politologue et analyste des politiques publiques et ancien conseiller à la direction d’Afrique centrale du ministère canadien des Affaires étrangères

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