Jean-Louis Kayembe : « la situation du faible engouement autour de Bons du Trésor est passagère »

En rapport avec le constat fait par la revue économique « Congo Challenge » selon lequel l’adjudication aux Bons du Trésor n’attirait plus du monde, le directeur général de la Banque centrale du Congo (BCC) en charge des opérations bancaires et politique monétaire, Jean Louis Kayembe wa Kayembe, a fourni des explications techniques quant à ce.

Pour cet expert de l’Institut d’émission, il s’agit d’une situation passagère. Dans un entretien accordé au média économique Zoom Eco, Jean-Louis Kayembe justifie cette situation de manque d’engouement par plusieurs facteurs. Il s’agit notamment du taux de change, de la dépréciation de la monnaie nationale, du taux d’inflation et autres.

« Aux deux dernières adjudications, les soumissionnaires ont pu obtenir un taux d’intérêt de 16 à 18%. Cette situation de faible engouement est passagère et nous pensons que dans les jours à venir les choses vont devoir s’améliorer », a rassuré Jean-Louis Kayembe wa Kayembe.

Parmi les facteurs qui expliquent la baisse du taux de soumissions aux Bons du Trésor, le directeur général de la BCC évoque la dépréciation du franc congolais observée depuis le mois d’avril 2020.

A lui de préciser : « comme les Bons du Trésor sont émis en monnaie nationale, cette dépréciation du franc congolais a évidemment une incidence négative sur cela. Cette dépréciation a également influencé négativement le taux d’intérêt, qui n’est plus attrayant aux yeux des souscripteurs. Ce taux a quitté 12% au premier trimestre pour atteindre, à ce jour, 14%. Avec la décélération du rythme du niveau des prix, les choses devraient changer. »

Au départ, le taux d’inflation était autour de 21% en annualisé. Mais grâce aux mesures prises par le Gouvernement et la BCC, le taux se situe actuellement autour de 16%.

En termes de perspectives, Jean-Louis Kayembe pense que les opérateurs économiques commencent déjà à intérioriser les Bons du Trésor. Le Gouvernement et les banques ont commencé à créer des anticipations.

« Comme on a élargi le champ aux autres particuliers à participer aux Bons du Trésor, nous pensons que d’autres souscripteurs sont les bienvenus. Nous avions un taux d’inflation annualisé autour de 16% et 17% contre le rendement offert par le gouvernement autour de 18%. Il y a une certaine positivité. Et lorsqu’on compare au taux accumulé, nous sommes autour de 14% et en glissement annuel, à 15%. Le rendement commence petit à petit à donner avec la décélération de la monnaie nationale », a expliqué Jean-Louis Kayembe wa Kayembe.

A RE(LIRE) : Bons du Trésor, le taux de soumission franchi les 300% à la deuxième adjudication 

Lancée en octobre 2019, l’adjudication aux Bons du Trésor a connu un grand engouement. Pendant cette période, le taux de souscription dépassait les 300%, loin les montants soumissionnés. Cet élan s’est estompé au premier trimestre 2020.

Dans sa dernière publication, le quadrimestre économique Congo Challenge a relevé le fait que l’adjudication aux Bons du Trésor n’attirait plus du monde. Selon les experts de ce Think Tank, cette situation risque de ne pas faciliter la tâche au Gouvernement de la RDC en matière de mobilisation des fonds, dans ce contexte de la Covid-19.

Les Bons du Trésor sont des titres obligataires émis par l’État, par l’intermédiaire du Trésor public. L’acheteur d’un bon du Trésor se retrouve donc créancier de l’État.

Olivier KAMO