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Luc-Gérard Nyafe : « entreprendre, c’est aussi savoir prendre les risques »

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Luc Gérard Nyafe @Zoom eco

L’opérateur économique congolais, Luc-Gérard Nyafe plaide pour la destruction de certains mythes qui plombent l’entrepreneuriat des jeunes en RDC. Dans une interview exclusive accordée à Zoom Eco, le patron de Strategos soutient que le manque du capital ne peut en rien freiner l’élaboration d’un bon projet à partir d’une idée innovante. Aussi, a-t-il affirmé, « entreprendre, c’est savoir prendre les risques ». C’est le message qu’il ne cesse de partager aux jeunes congolais, particulièrement les entrepreneurs et/ou aspirants entrepreneurs.

Zoom Eco : Vous avez été orateur principal de l’after work du 27 février 2020 au Pullman Hôtel Kinshasa sponsorisé par Rawbank. Quel a été l’objectif de cette activité ?

Luc-Gérard Nyafe : J’ai accepté de répondre à l’invitation du Pullman Hotel Kinshasa parce que je trouve que c’est ce genre d’initiatives permet de diffuser une culture entrepreneuriale. Et donc, c’est l’opportunité d’échanger avec des jeunes, des futurs décideurs d’entreprises qui sont important pour l’écosystème du pays.

ZE : Vous leur avez transmis quel type de message ?

LGN : La thématique était posée sur le thème de l’entrepreneuriat est sur quels étaient, d’après moi, les quatre ou cinq éléments importants pour pour la création d’une entreprise et la réussite d’un projet entrepreneurial.

Un des mythes à détruire était celui du manque de capital. Ce n’est pas le manque de capital qui empêche la création de l’entreprise ou le succès des entrepreneurs. Pour l’instant, c’est plutôt le manque de projets.

Le capital n’est pas l’élément déclencheur. C’est plutôt l’entrepreneur et le projet d’abord ; et le capital suit derrière.

ZE : Comment doivent-ils s’y prendre ?

LGN : Ils doivent se focaliser sur le projet avant tout et puis sur leur propre préparation. Quelqu’un qui est chauffeur de bus et qui veut monter un restaurant sans connaître les exigences de la cuisine, ça ne sert à rien. Tout le monde pense que derrière une bonne idée, il suffit de mettre du capital pour que cette idée devienne une entreprise. C’est faux. Ce n’est pas comme ça.

Afterwork Luc Gérard @Zoom ecoDans le monde, ce n’est pas seulement au Congo, plus 50% de nouvelles entreprises font faillite dans les trois premières années. Et dans le reste, 50 autres pourcents font faillite dans les cinq premières années. Le taux d’échec d’un projet d’entreprise est très grand. Ce n’est pas forcément une question de capital mais celle de la qualité des idées et de la pertinence du projet à quel point on a pensé ce qu’on voulait faire. Et dans quelle mesure on s’est préparé pour ce qu’on veut faire.

ZE : Toute idée n’est pas forcément un projet. Vous partagez cette affirmation ?

LGN : Évidemment. Je rencontre énormément de gens qui ont des propositions et des idées qui sont dans les domaines où ils ne travaillent pas aujourd’hui. Et donc, il est important pour nous de briser le premier mythe du capital.

ZE :  Et le deuxième ?

LGN : C’est celui du marché. Je donne souvent cet exemple. Si vous débarquez dans un pays où tout le monde est pieds nus. Il y a deux manières de voir la chose.

Dans la première, il y a un potentiel énorme de vendre des chaussures. Donc, une demande infinie de chaussures. Et la façon négative, dans la deuxième, est celle de voir qu’il n’y a pas de marche de chaussures parce que tout le monde ne porte pas de chaussures.

Suivant la manière dont vous regardez les choses, dans un cas d’avoir trouvé un eldorado, et dans l’autre on ne peut rien faire tant que le marché n’existe pas. Bref, il y a une analyse à faire sur le comportement du marché.

ZE : Le mot « risque », a-t-il un sens dans l’entrepreneuriat ?

LGN : C’est tout l’enjeu. Il y a, avant tout, une grosse différence entre un projet et une idée. Autant qu’il y a une autre entre avoir un projet et être entrepreneur.

Beaucoup de gens qui aimeraient démarrer leur entreprise sur le côté pendant qu’ils travaillent ailleurs. Quel est le but ? Diminuer les risques. Or, l’entrepreneur est celui qui prend les risques.

Donc, quelqu’un qui dit : « je vais faire ça sur le côté pendant que je fais autre chose » et qui cherche le financement pour son projet, veut tout simplement avoir quelqu’un qui peut prendre le risque que à sa place.

C’est ce genre de mythe qu’il faut briser pour faire comprendre aux jeunes que entreprendre c’est savoir prendre le risque d’abord, mais pas de risques incalculés.

C’est à lui de prendre le risque d’abord et les capitaux viendraient après. Le capital n’a aucune raison de prendre le risque à sa place.

ZE : Avant ce After Work, vous avez effectué une visite au siège de Rawbank pour un entretien avec les commerciaux. De quoi avez vous parlé ?

LGN : C’était pour moi une découverte dans le sens où je connaissais la Rawbank comme client ou tout citoyen qui voit le succès de cette banque. J’ai eu l’opportunité de rencontrer Monsieur Mazhar Rawji, Thierry Taeymans et de connaître quelques cadres.

Il y a des choses qui m’ont paru très claires sur le succès de Rawbank. La claire perméabilité et la connexion qu’il y a entre la vision de son fondateur et les différents niveaux. Il y a ce même esprit inquièt de dire comment est ce qu’on peut inventer les choses.

J’ai été surpris par la quantité des projets et d’innovation en cours de route où certaines qui ont échouées. Mais je n’ai pas noté ce conservatisme frileux qu’on retrouve dans les banques.

J’ai échangé avec eux sur leur projets s’ouvrir les agences dans tel ou autre coin de la République pas toujours avec une finalité commerciale immédiate. Mais une finalité de présence et de catalyseur d’activités, sur un certains nombre des produits financiers et bancaires qu’ils avaient essayés ou qui sont en préparation. C’est une véritable inquiétude de comment développer le marché, ce qui n’est pas assez en RDC dans ce secteur précis.

L’autre chose qui m’a particulièrement charmé, c’est en écoutant tous ces différents succes story de cadres de Rawbank. Je me suis rendu compte qu’il existe une culture maison particulière à cette banque. On sent cette unité culturelle pour l’entreprise qui, pour moi, est un grand vecteur du succès d’une entreprise.

A partir du moment où les gens s’identifient comme faisant partie du groupe, c’est très important. On sent une certaine fierté : je suis de la Rawbank. Il y a un lien d’appartenance et une culture retrouvée parmi les différentes personnes que j’avoue que cela m’a surpris et j’ai trouvé cela positif.

ZE : Donc, vos entreprises sont clientes de Rawbank?

LGN : Toutes nos entreprises travaillent avec la Rawbank. On était déjà fans avant. Rires.

ZE : Des conseils pratiques d’un opérateur économique à ces commerciaux pour développer des produits qui répondent aux besoins de la clientèle, particulièrement des entrepreneurs ?

LGN : Plutôt que de donner des conseils, j’ai pris de leçons. J’ai une connaissance assez élargie de l’étranger mais sur la RDC, je prends encore des cours et je découvre cet environnement qui n’est pas facile. Il reste pour l‘instant hostile aux affaires, d’une certaine manière.

Il faut changer les cultures, un processus de changement qui prend du temps. Aujourd’hui, nous n’avons pas un business friendly environment. Pour ça, il faut changer la culture. Il y a une image en RDC.

Pour beaucoup, l’entrepreneur est pris pour un gibier ou une proie, un fruit à exprimer. Changer, consiste à considérer l’entrepreneur comme une graine qu’il faut arroser et qui va pousser pour donner d’autres fruits.

Il y a une relation à l’entreprise qui n’est pas juste. Et par extension, une relation à l’argent qui n’est pas non plus juste. C’est à dire qu’il y a une culture de l’argent qui est très importante ici, une admiration pour l’argent alors que c’est faux. Le parcours de l’entrepreneur est plus intéressant que l’argent.

Il faut changer le rapport à l’argent. Changer le rapport à l’entreprise. Les gens veulent prendre des raccourcis comme si c’était court et rapide. Il n’existe pas de chemin rapide pour arriver à destination. C’est le chemin qui est intéressant.

ZE : Lorsque vous rencontrez des jeunes entrepreneurs congolais et ceux qui aspirent à le devenir, vous leur dites quoi ?

LGN : Congo eleko ya makasi. Pour les entrepreneurs, cela devrait être encore plus fort. Il faut y aller avec courage mais surtout avec la bonne qualité d’exécution des projets. Nous avons un grand déficit de qualité et le goût du travail bien fait. Parce que le travail bien fait prend du temps, c’est lent. Donc, il faut se délier de cette culture de l’argent et de la réussite rapide. Une réussite longue et lente est très bien aussi.

Fin.-

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