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Makutano 8 : à l’exception du manioc et de l’huile de palme, la RDC dépend à 95 % des importations (Experts)

La République Démocratique du Congo (RDC) importe près 95% des produits de premières nécessité consommées par sa population, a fait savoir l’Ambassadeur de l’Agenda de transformation Agricole à la Présidence de la République, Pacifique Kahasha, à l’occasion de la huitième édition du forum d’affaires Makutano organisée, le lundi 24 octobre 2022, au Pullman Grand Hôtel de Kinshasa.
Intervenant lors du débat axé sur le thème « l’autosuffisance alimentaire : faut-il réinventer la poudre ? »,
Pacifique Kahasha a indiqué que seuls le manioc et l’huile de palme sont des produits que la République Démocratique d du Congo n’importe pas.
« Aujourd’hui, nous ne sommes pas autosuffisants. Et donc nous devons travailler pour inverser cette tendance et que d’ici 5 ou 10 ans, qu’on parle autrement de ce pays et de cette question de l’autosuffisance alimentaire. Nous travaillons à celà, du moins pour ce qui est des denrées alimentaires de première nécessité qui constituent l’alimentation du congolais. À l’exception du manioc que nous produisons localement et l’huile de palme auxquelles nous répondons à 70 % des besoins intérieurs, pour le reste des produits nous dépendons à 95% des importations. », a-t-il fait remarquer.
Pour sa part, M. Kaala Mpinga, Président de la Commission Nationale Agriculture et Forêts de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), a déclaré qu’il n’est pas d’accord lorsqu’on dit que la République Démocratique du Congo fait face à un déficit alimentaire.
Pour lui, la question qui se pose est celle des voies de communication pour évacuer les produits alimentaires des milieux ruraux vers les grands centres urbains.
« Pour moi, le défi c’est de nous poser la question de savoir comment fait-on pour amener le manioc qui pourrit dans le Grand Bandundu, le riz du pourrit à l’Equateur ou dans la Tshopo, le maïs qui est coincé dans le Grand Kasaï vers les centres de consommation qui, du reste, ne sont pas très loin du lieu de la production ? Dans plusieurs villages, les gens ne cultivent presque plus parce qu’ils ne peuvent pas évacuer facilement leurs produits. », a-t-il dit.
M. Kaala Mpinga estime que l’autosuffisance alimentaire dans les centres urbains est avant tout un défi logistique notamment dans la réhabilitation des routes mais aussi le drainage du fleuve Congo qui doit faciliter la circulation des marchandises.
De son côté, Dr Nteranya Sanginga, Directeur général de IITA soutient qu’il faut qu’il y ait un changement de narratif. « Que l’activité agricole soit considérée comme une activité commerciale et non sociale », a-t-il exhorté.
Selon lui, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo doit fournir des subventions aux entrepreneurs qui se lancent dans l’activité agricole.
« La République Démocratique du Congo RDC considérée comme pays solution pour l’alimentation au niveau mondial. Le pays est capable, avec ses ressources naturelles, de nourrir environ 2 milliards de personnes au monde. », a-t-il avancé.
La RDC dispose de près de 80 millions d’hectares de terres arables, 4 millions de terres irrigables dont 1% seulement cultivé. L’agriculture paysanne occupe, elle, 70% de la population active.
D’après un rapport de l’organisation des Nations-Unies pour l’alimentation, la végétation peut supporter un élevage d’environ 40 millions de têtes de gros bétail et sa densité halieutique est estimée à 700 000 tonnes de poissons par an.