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RDC : Bitakwira invité à justifier la gestion de 300 millions de CDF d’un projet d’adduction d’eau !

Le ministre sortant du Développement rural, Justin Bitakwira est soupçonné d’avoir mal exécuté et surfacturé le projet d’adduction d’eau potable à Mbanza-Boma au Kongo Central. L’Association des anciens élèves du collège Notre Dame de Mbanza-Boma (ASSACOM) sollicite du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, un audit sur la gestion des 300 millions de CDF gérés par ce ministre pour l’exécution dudit projet.
Dans un mémorandum adressé au Président de la République le 10 août dernier, cette structure dénonce la piètre qualité du travail réalisé sur le terrain. Elle lui demande d’ordonner l’audit de 300 millions de CDF décaissés par le trésor public que Justin Bitakwira a perçus au titre d’acompte du coût global du projet, chiffré à 419 631 663 de CDF, soit l’équivalent en dollar américain de 254 322,22 USD (au taux de 1650 CDF/USD).
L’ASSACOM s’oppose catégoriquement contre la démarche qui serait déjà entreprise par Justin Bitakwira pour accéder au décaissement de 119 631 663 de CDF dû au titre de solde du financement du projet.
Bien plus, les sociétaires de cette structure plaident pour l’arrêt provisoire des travaux du projet d’adduction d’eau potable à la mission Mbanza-Boma. Redoutant la qualité de l’eau à distribuer, elle estime fondée sa demande d’analyse de cette denrée vitale.
Conscients du fait qu’il s’agit d’un projet qui touche directement à la santé de la communauté cible, les anciens élèves du collège Notre Dame de Mbanza-Boma recommandent la consultation et l’attribution de l’ouvrage au Service national de l’hydraulique (SNRH).
Au terme d’une évaluation, l’ASSACOM affirme constater avec amertume que Justin Bitakwira, à la fois maître d’ouvrage et maître d’œuvre, n’a seulement livré quelques matériels du chantier de ce projet.
Il s’agit principalement d’une citerne ménagère de 1 000 litres, quatre brouettes de fabrication artisanale, cinq pelles, trois PVC, cent blocs de briques, quinze sacs de ciment gris ainsi qu’une vingtaine de barres de fer, une quantité de caillasse estimée à plus ou moins une tonne et une pompe immergée.
Pour l’ASSACOM, tous ces matériels et matériaux ont une valeur globale approximative de seulement 5 000 USD, soit 8,250 millions de CDF sur les 300 millions de CDF décaissés par le Trésor public.
Initiatrice de ce projet, l’ASSACOM avait, dès le départ, sollicité l’expertise d’une équipe de techniciens coréens pour des études de faisabilité. Celles-ci ont démontré que l’adduction d’eau potable au plateau de Mbanza-Boma nécessitait un montant global de 65 000 USD, soit 107 250 000 de CDF (au taux de change de 1 650 CDF/USD). Ce qui est bien loin inférieur à la somme de 300 millions de CDF perçue par le ministre du Développement rural.
D’où, la surfacturation décriée par cette structure qui met quiconque au défi de brandir des preuves contraires à son argumentaire.
En rappel, le Plateau de Mbanza-Boma est constitué de quatre écoles, à savoir : le collège Notre-Dame de Mbanza-Boma, le très réputé Lycée Kivuvu-Kisiama et deux écoles primaires dont l’une essentiellement réservée aux filles.
Le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, lui aussi, est le produit de cet établissement d’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP), compté parmi les meilleures écoles du pays.
Emilie MBOYO