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RDC : campagne électorale, les risques d’un financement occulte ou d’un recours aux moyens de l’Etat
L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) vient de lancer une alerte sur les risques liés à l’absence du financement des partis politiques en RDC. En cette phase de campagne électorale, cette structure de la société civile exprime son inquiétude sur la tentation pour les candidats des partis politiques de recourir au financement occulte ou aux moyens de l’Etat.
Tout part du constat selon lequel aucun parti politique en RDC ne dispose des ressources nécessaires pour assurer son fonctionnement optimal au regard des missions qui sont attendues de lui. Les militants ne cotisent presque pas, excepté la vente des cartes de membres. La majorité compte sur les ressources financières dont disposent le président du parti et/ou l’autorité morale.
« Ceux, qui ont la chance de disposer des cadres au gouvernement, de l’administration publique et des députés nationaux ou provinciaux prélèvent 10% de leurs salaires de chaque mois pour alimenter le fonctionnement de leur parti. Cependant, l’insuffisance de ces ressources ne peut résolument assurer le bon financement d’une campagne électorale, dans un pays comme la RDC », indique l’ODEP dans un message officiel.
Recours au financement occulte
En l’absence d’un appui financier de l’Etat, cette structure observe que certains partis ou regroupements politiques risqueraient de recourir au financement occulte, soit aux moyens de l’Etat pour battre campagne. En même temps, le peuple assisterait à une exclusion de certains partis politiques éligibles au fonds de l’Etat à faire la campagne électorale.
« Le recours au financement occulte pourrait amener le candidat à signer des contrats avec des opérateurs économiques soit des multinationales en échange des ressources naturelles du pays (coltan, cuivre, etc.). Une fois élu, ce dernier serait tenté de sacrifier le développement social et économique en accordant des privilèges à ceux qui l’ont soutenu financièrement », prévient l’ODEP.
Recours aux moyens de l’Etat
L’option du recours aux moyens de l’Etat a pour conséquences le blocage du financement des dépenses d’ordre social, le détournement des biens publics à des fins privés, le népotisme, l’abus du pouvoir, la méfiance entre acteurs politiques engagés au processus électoral, …
Dans les deux cas de figures, font observer les analystes de l’ODEP, le développement social et économique tant vanté pendant la campagne électorale par les candidats ne serait qu’un simple slogan.
« Pour éviter les différents abus, l’ODEP invite le gouvernement à l’application de la Loi portant financement des partis politiques», conclu cette structure de la Société civile.
En rappel, l’appui de l’Etat est sensé se faire conformément aux articles 1,2, 4 et 5 de la Loi n°08/055 du 10 juin 2008 portant financement public des partis politiques en RDC.
Cependant, la Loi de finances 2018 n’a prévu aucun fonds pour financer les partis politiques moins encore pour la campagne électorale des candidats. Pourtant les articles 2 et 5 de la même Loi stipulent respectivement : « …le financement des partis politiques est constitué de fonds publics prévus aux crédits budgétaires de l’Etat ». « Cette subvention ne peut être inférieure à 0,5% ni supérieure à 1 % de la totalité des recettes à caractère national revenant à l’Etat ».
Emilie MBOYO | Zoom Eco