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RDC: crise sécuritaire au Nord-Kivu, Jean-Michel Sama Lukonde réunit tous les services impliqués
Préoccupé par la situation sécuritaire des populations du Nord-Kivu, victimes des attaques du M-23 soutenu par le Rwanda, le Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, selon l’instruction du Chef de l’État, commandant suprême des Forces armées de la République, a convoqué et tenu, le 25 mai 2022, à son cabinet de travail à la primature, une réunion sécuritaire de crise avec le Ministre de la Défense nationale et Anciens Combattants, le Ministre de la Communication et Médias, la Ministre déléguée près le Ministre des Affaires sociales, des Actions humanitaires, et de la Solidarité nationale chargé des Personnes Vivant avec Handicap, le Vice-Ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, le Chef d’Etat-Major des FARDC, le Commissaire Général Adjoint de la PNC, le Directeur des renseignements généraux PNC, l’Administrateur principal du département extérieur, le Conseiller du CHEMG/ FARDC chargé des renseignements militaires, le Chef du département des opérations FARDC, le Directeur général de la DGM ainsi que certains membres de son cabinet pour passer en revue la situation qui sévit depuis quelques jours et surtout, depuis les petites heures du matin (mercredi) à Kibumba dans la province du Nord-Kivu.
C’est du moins ce que une dépêche de la Primaire au terme de cette séance de travail.
Faisant la restitution de cette réunion devant la presse, Patrick Muyaya, Ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du Gouvernement, a clairement évoqué le soutien que le Rwanda apporterait au M-23 en violation de la frontière ainsi que les accords signés avec la RDC.
« Sur instruction du Commandant suprême des Forces armées de la République Démocratique du Congo, le Premier Ministre a tenu une réunion de crise qui a réuni les responsables du Gouvernement, de la Défense, de l’Intérieur, mais aussi les Chefs de l’armée et de la police pour passer en revue la situation qui se passe depuis quelques jours dans la province du Nord-Kivu. Il est établi suivant les éléments que nous avons reçu du terrain, qu’en tout cas des soupçons se cristallisent sur un soutien qu’aurait reçu le M-23 de la part du Rwanda. », a-t-il affirmé.
Patrick Muyaya a au moins soulevé l’activation du mécanisme de suivi desdits accords avec le Rwanda pour préciser qu’une délégation est à Kigali pour en avoir le cœur net.
« A ce propos, nous avons activé le mécanisme de suivi. Et d’ailleurs, le chef de ce mécanisme se trouve présentement à Kigali pour attester ces faits. », a-t-il renseigné.
Pour le Ministre de la Communication et Médias, le doute ne pouvait avoir qu’une toute petite ombre, parce que les faits sont plausibles à ses yeux.
« Ceci tend à se vérifier d’autant plus qu’il y a quelques jours, des nouvelles circulaient qu’il y aurait des représailles. Vous avez suivi que nos forces avaient totalement déstabilisé le M-23, qui de manière répétée, agissent par des actions provocatrices. Nos forces avaient pris le dessus et qu’il y a eu des éclats d’obus qui seraient tombés de l’autre côté de la frontière. Et en représailles évidemment, nous attendions des nouvelles de ce genre. Nous pensons que ce qui s’est produit à côté du M-23, serait une réaction de la part du Rwanda. Mais pour cela, nous serons fixés bientôt lorsque le rapport du mécanisme conjoint de suivi sera fait », a-t-il dit sous réserve.
Mais il faut souligner que la situation sécuritaire a été passée en revue de manière générale au cours de cette réunion.
« Nous avons aussi passé en revue la situation sécuritaire de manière générale. Parce qu’il vous souviendra que les opérations des forces armées de la République Démocratique du Congo se déroulaient plutôt du côté de Runyonyi dans le Rutshuru, alors que les attaques d’hier et de ce matin, ont eu lieu à quelques kilomètres plus loin, à quelques kilomètres de Goma », a dit le Porte-parole du Gouvernement.
Le Ministre de la Communication et Médias fonde son soupçon sur le Rwanda, sur son doute légitime à propos de l’arsenal militaire dont disposerait le M-23 sur le terrain des opérations sans avoir les moyens nécessaires pour un tel armement.
« Nous pensons que le M-23 ne peut pas disposer de l’arsenal militaire comme celui qu’on trouve chez lui sur le terrain des opérations. D’où, la cristalisation de nos soupçons sur le Rwanda. », a-t-il martelé.
Patrick Muyaya précise que les Forces armées de la RDC sont mobilisées et doivent être davantage soutenues pour défendre valablement l’intégrité territoriale du pays.
« Mais cela dit, nos Forces armées ont été encore une fois de plus mobilisées que se soit sur le front de Runyonyi ou sur le front de Tshanzu pour être sûr que chaque centimètre de notre territoire national est protégé. Et d’ailleurs, il vous souviendra qu’il y a quelques mois, nous avions lancé la campagne « Bendele ekweya te ». Je pense que c’est le moment de la relancer, parce que nous devons tous, chacun nous lever pour qu’aucune tentative d’aucune manière, d’aucun groupe ou d’aucun pays quelconque, ne tente de prendre un seul centimètre de notre territoire. », a assuré Patrick Mutaya.
Et de poursuivre: « Parallèlement à cette question militaire, nous avons analysé la question au plan humanitaire. Parce que vous savez qu’il y a des populations qui ont été déplacées de part et d’autre d’ailleurs, que ce soit du côté de Kibumba ou du côté de Rutshuru. Il y a besoin d’un appui humanitaire. Le Gouvernement s’y attèle. Les états des lieux se font sur le terrain. A partir des rapports qui seront faits, le Gouvernement pourra agir dans les prochains jours pour apporter de l’appui à nos compatriotes ».
Le Porte-parole du Gouvernement a aussi tenu à rassurer la population congolaise que le Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, suit de près la situation selon les instructions du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
« Nous tenons à rassurer la population congolaise en général et celle du Nord-Kivu en particulier, que le Gouvernement, avec en tête le Président de la République, suit de près la situation et que toutes les mesures sont prises pour assurer la paix et la sérénité. », a dit Patrick Muyaya qui a enfin lancé un appel au calme.
« Nous voulons lancer, à la même occasion, un appel au calme et suivre évidemment les instructions et les nouvelles qui sont lancées à la fois par les autorités militaires et par nous-mêmes. Et d’ailleurs, ils ont communiqué cet après-midi. Cette communication vient renforcer celle-là. Le commandant suprême poursuivra lui-même des réunions tant au plan diplomatique que militaire pour prendre toutes les mesures qui s’imposent pour permettre le retour de la paix. Vous savez que tous les groupes armés, à la suite de l’adhésion de la RDC à la Communauté des États de l’Afrique de l’Est, tous les groupes armés se sont soumis au processus politique qui avait été décidé par les Chefs d’État, à l’exception du M-23, dont on parle encore maintenant. C’est un acte de rébellion visiblement. Non seulement vis-à-vis de la RDC, mais aussi de tous ces Chefs d’État de la sous-région qui se sont engagés dans le processus de paix. Et donc, si ce mouvement et tout ce qu’il y a comme force affiliée derrière, continuent leur aventure, ils subiront la force. Parce que la force, c’est aussi l’alternative qui a été proposée. Je puis vous informer qu’il est prévu une réunion de tous les Chefs d’État-Major général des pays de la CEAE pour étudier les mécanismes de mise en place de l’Etat-Major conformément à la volonté exprimée par les différents chefs d’État. Nous, nous tenons au retour de la paix. Le Président de la République, depuis son arrivée aux responsabilités, il l’a démontré. Nous faisons tout pour que la paix revienne. Ceux qui seront réfractaires à la paix, ils seront bien obligés de subir la force. Parce qu’il y a un seuil de tolérance. », a souligné le Porte-parole du Gouvernement.
Patrick BOMBOKA