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RDC : Importer de 100 000 T de farine de maïs impose trois défis !

Il est vrai que les provinces de l’ex. Katanga sont confrontées à la pénurie de la farine de maïs. Si Moïse Katumbi Chapwe a déclaré vouloir importer 100 000 tonnes de cette denrée alimentaire afin de la commercialiser sur le marché local, certains analystes avertis doutent de la faisabilité de cette opération. Ainsi, trois défis majeurs s’imposent.
Le premier défi est avant tout celui lié à l’approvisionnement. L’Afrique australe est confrontée à la sécheresse due aux effets du changement climatique et les ravages des cultures de la région par les chenilles légionnaires. Ces deux facteurs ont conduits ces pays à prendre des mesures de restrictions de leurs exportations de maïs depuis plus d’une année. Seule une petite quantité produite serait autorisée, la plus grande étant gardée pour leurs propres besoins.
Des experts du domaine sont d’avis que l’Afrique du Sud a levée l’option de ne plus exporter son maïs. Toute sa production ne répondant plus à ses besoins, elle-même va importer cette année des USA. En 2016, elle a importé 300 000 tonnes du Brésil pour nourrir du bétail. Et que la satisfaction de besoins de la RDC ne pourrait venir de l’Amérique du Sud avec les conséquences que cela entraine.
Quel est ce producteur sud africain qui pourrait mobiliser une telle quantité de farine de maïs pour les beaux yeux des congolais alors que les besoins légitimes de son pays ne sont pas satisfaits ?
Le second défi est logistique. Si l’on ne s’en rend pas compte, 100 000 tonnes de maïs représentent 100 millions de kilos de cette denrée de base des katangais. En terme imagé, c’est environs 4 millions de sacs de 25 kg.
Pour les transporter du lieu d’embarquement à la destination, les experts affirment qu’il va falloir recourir à 2 850 camions de 35 tonnes chacun. Dans l’hypothèse où il faudra les acheminer vers la RDC durant l’année, l’opération nécessiterait une rotation continue et permanente d’à peu près 238 camions par mois à raison de 8 camions par jour.
Et si, le besoin de l’urgence imposait que cette marchandise arrive sur le sol congolais endéans trois mois et même six mois, imaginez la lourde manœuvre qu’elle exigerait aux transporteurs. Partant de l’Afrique du sud, un transporteur est obligé de faire en moyenne deux semaines pour une rotation. Cette période prend en compte le délai des formalités administratives et la durée de transport aller – retour.
Il sera donc question de mobiliser environs 475 camions chaque mois pour ce faire. Et ce, sans prendre en compte d’autres besoins de transport à l’import/export dans la région.
Le dernier défi est essentiellement financier. Tenez, le coût rendu d’une tonne de maïs en provenance de l’Afrique du Sud oscillerait autour de 250 dollars américains la tonne. 100 000 tonnes exigent une bagatelle de somme 25 millions de dollars américains. Seul, Moïse Katumbi Chapwe sait si réellement il peut s’engager pour une telle opération financière.
Si ces trois facteurs semblent révéler au grand jour les dessous-des-cartes de cette importation, un expert du secteur de l’agriculture du Katanga affirme qu’avec 25 millions de dollars américains, 25 000 agriculteurs locaux pourraient être mobilisés afin de cultiver 25 000 hectares devant produire chacun 5 tonnes de maïs.
Donner de l’emploi à 25 000 congolais avec des moyens financiers qu’ils manquent pour relancer leurs champs en vue d’assure l’autosuffisance alimentaire de leurs compatriotes est sans nul doute la meilleure manière de voler au secours du peuple.
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