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RDC : les cinq grandes actions de Jules Alingete et l’IGF pour accroître les recettes publiques

Depuis près de trois ans, les finances publiques de la République Démocratique du Congo se portent bien en ce qui concerne la mobilisation des recettes publiques.
En 2023, le Gouvernement congolais prévoit de mobiliser plus de 16 milliards de dollards américains des recettes en ressources internes. Un record jamais réalisé auparavant.
Derrière cet exploit du Gouvernement congolais, il y a notamment Jules Alingete, l’Inspecteur général et chef de service de l’Inspection générale des finances (IGF) et son institution qui se battent pour lutter contre la corruption et le détournement des deniers publics.
Dans une interview accordée à Colette Braeckman du média Le Monde, Jules Alingete a énuméré quelques actions menées par l’IGF et qui ont permis au Trésor public de récupérer d’importantes sommes d’argent notamment les 70 millions USD détournés chaque mois par des réseaux mafieux au sein de l’administration publique.
Au cours de cette interview, Jules a compté cinq grandes actions de son institution qui ont permis de lutter contre la corruption et le détournement des deniers publics.
Primo : le contrôle de la Banque Centrale du Congo
« Nous avons découvert des cartes de crédit détenues par des fonctionnaires, des politiciens qui sont directement connectées au compte général du Trésor via des banques commerciales. Ces cartes pouvaient être utilisées à tout moment. Le compte de l’Etat pouvait ainsi être débité pour des montants extrêmement élevés, s’élevant à 10 000 dollars par jour et des achats pouvant atteindre le même montant. Le Trésor congolais a ainsi perdu beaucoup d’argent. », a souligné Jules Alingete.
Secundo : l’audit du secteur forestier de la RDC. Une démarche en rapport avec le moratoire auquel la RDC avait adhéré.
« Malgré les engagements pris auprès de la communauté internationale, des permis d’exploitation ont continué à être délivrés par des membres du Gouvernement chargés du secteur forestier. A la suite de notre rapport, l’actuel Ministre de l’Environnement a annulé des concessions forestières. », a expliqué le gendarme financier.
Tertio : l’audit du secteur minier. Ce dossier a été la troisième affaire importante menée par l’IGF.
« L’examen de tous les contrats conclus entre 2010 et 2020 par la Gécamines (la Société Générale des Carrières et des mines) a révélé des faits graves de bradage des actifs miniers. Le mode opératoire de la fraude et du bradage dans ce secteur minier ayant été mieux compris, des dispositions ont pu être prises. Entre 2010 et 2020, la Gécamines a réalisé près de 2 milliards de dollars de bénéfices et 97 % de ce montant a été dilapidé dans des dépenses de fonctionnement et collations. », a dit Jules Alingete.
Le gendarme financier congolais a rajouté que la Gécamines devait renouveler son outil de production et relancer ses activités, car aucun investissement n’a été réalisé et la société détient une dette sociale très salée. En outre, près de 612 millions de dollars, payés par la Gécamines à l’Etat congolais au titre des impôts dus en 2010 et 2019 et versés au compte du Trésor, ont disparu au niveau de la Banque Centrale du Congo.
Quarto : l’audit des contrats chinois est la quatrième mission marquante.
Ce contrat appelé « minerais contre infrastructures » a été conclu à la suite d’une convention fixée en 2008 entre la RDC et quelques entreprises chinoises.
L’évaluation de ces contrats a révélé, au détriment de la RDC, des disparités dans la répartition des avantages générés par la convention.
La répartition du capital dans l’exploitation commune en est un exemple : le Congo, qui avait apporté le gros des
affaires – c’est-à-dire ses mines les plus riches, dont la valeur était estimée à plus de 90 milliards de dollars a reçu 32 % des parts lors de la constitution d’une société commune, la Sicomines. La partie chinoise qui n’avait rien apporté a reçu, quant à elle, 68 % des parts.
Quinto : Jules Alingete a également mentionné l’audit du fichier de la paie des fonctionnaires de l’Etat.
D’après lui, 1 426 000 fonctionnaires étaient concernés et leur salaire représentait 350 millions de dollars par mois.
L’audit a révélé de nombreux dysfonctionnements : des gens disposaient de plusieurs numéros de matricule et se faisaient donc payer plusieurs fois, d’autres disposaient des mêmes numéros que d’autres agents et ils étaient donc fictifs, d’aucuns se faisaient payer sur les listes de plusieurs services, par exemple le ministère de l’Enseignement ou celui du Plan, d’autres bénéficiaires n’étaient pas connus par le service censé les employer.
Il faudrait noter qu’aujourd’hui avec l’institutionnalisation de ces trois types de contrôle, l’Inspection Générale des Finances est au courant des actions posées par les gestionnaires publics afin de prévenir le détournement des deniers publics.