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RDC : les doléances de la corporation bancaire

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La corporation bancaire a évolué en 2023 dans un cadre réglementaire caractérisé par la poursuite des réformes engagées par la Banque Centrale du Congo en vue de renforcer la surveillance des risques sur le secteur financier. C’est ce qu’a indiqué M. Célestin Mukeba, Directeur Général d’EquityBCDC et Président de l’Association Congolaise des Banques (ACB), le vendredi 1er mars 2024, lors de la cérémonie d’échange de voeux avec la Banque Centrale du Congo (BCC).

Pour l’ACB, l’objectif de cette surveillance est de prévenir les risques et de rendre le système financier plus résiliant et capable d’absorber tout choc susceptible d’entraver son développement.

S’agissant des réformes engagées par la Banque Centrale du Congo, également Autorité de régulation du secteur bancaire, Célestin Mukeba en a évoqué plusieurs. Il s’agit notamment du réajustement des instructions en matière de gouvernance et de contrôle interne au regard de la loi n°22/079 du 27 décembre 2023 relative à l’activité et au contrôle des établissements financiers ; la mise à jour des instructions en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux au regard de la loi n°22/068 du 27 décembre 2022 portant lutte contre les pratiques de blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive; la promulgation des instructions relatives à la discipline des marchés dans le secteur financier; enfin, la promulgation de l’instruction fixant les modalités et détermination de la contribution des banques au titre de frais de fonctionnement de contrôle, ces frais à charge des établissements de crédit étant désormais calculés sur la moyenne des risques net pondérés au lieu d’être sur la moyenne de dépôt.

« L’ACB salue cette avancée qui a le mérite de desserrer l’étau sur l’activité de collecte d’épargne et favoriser l’inclusion financière », a déclaré M. Mukeba.

Ce dernier a toutefois plaidé pour la révision à la baisse du taux appliqué pour le « risque net pondéré » de 0,6% à 0,4%.

Concernant la situation globale des banques dans le pays, l’ACB a relevé que les signes sont au vert.

A cet effet, M. Célestin Mukeba a noté qu’il y a eu une bonne progression de l’activité du secteur bancaire par rapport à l’exercice 2022. Cette performance se traduit, a-t-il dit, par une croissance soutenue des agrégats notamment dépôt, crédit, fonds propres, ainsi que le produit net bancaire.

« Le bénéfice consolidé du secteur bancaire ainsi que les indicateurs de performance sont bons », a-t-il souligné.

Malgré les bons résultats réalisés en 2023, Célestin Mukeba a estimé que cette performance ne doit pas faire perdre de vue l’état fragile des banques au regard de nombreux défis auxquels elles sont exposées.

Tant sur le plan macroéconomique que réglementaire, les principales préoccupations des opérateurs du secteur financier portent sur les aspects suivants :

– Les tracasseries notamment administratives, fiscales et douanières;

– L’insécurité liée à la guerre dans l’Est du pays qui perturbe l’activité économique et retarde le déploiement des activités dans les zones sous occupation;

– Les banques sont trop souvent au centre des différends qui les concernent pas directement. Allusion faite ici au cas de prolifération des décisions judiciaires ordonnant l’exécution des saisies parfois même sur les comptes insaisissables;

– Les banques sont victimes d’escroquerie ou de tentative d’escroquerie contre lesquelles elles n’ont pas ou peu de recours;

– Le classement de la RDC sur la liste grise de GAFI qui accroît le risque systématique de la conformité dans les chefs des banques ;

– L’instabilité du taux de change de la monnaie nationale qui s’est dépréciée de plus de 3% par rapport au dollar américain entre 2022 et 2023;

– le processus de mise en conformité de la structure de l’actionnariat. Ici, les banques sollicitent la surséance de la mise en application des dispositions réglementaires y relatives jusqu’à la levée progressive des contraintes environnementales;

– la reprise du Système national de paiement en monnaies étrangères afin d’assurer la compensation des opérations en dollars et en Euros;

– L’assouplissement de la politique monétaire à travers la réduction du coefficient de calcul de la réserve obligatoire appliquée sur le dépôt en monnaies étrangères de la clientèle. Il est en de de même de la question de la rémunération d’une partie de la réserve obligatoire ainsi que le dégel progressif et plus rapide des réserves cristalisées suivant le calendrier à suivre;

– L’assouplissement de certains leviers règlementaires liés aux instructions n°14 portant sur la transformation des ressources à moyen et long terme et l’instruction n°16 sur le taux de provisionnement créances, critères d’éligibilité des garanties et des risques de contagion est nécessaire afin de favoriser le financement de crédit par les banques ;

– L’assouplissement des conditions d’incorporation des résultats intermédiaires audités dans les fonds propres de base en supprimant la disposition relative à l’accord préalable de la Banque Centrale du Congo imposée par l’article 5 de l’instruction 14.

« Nous proposons que cette disposition soit placée dans le régime d’information préalable sans attendre une réponse formelle d’autorisation de la Banque Centrale au vu du nombre de demandes d’autorisations demeurées sans suite », a dit M. Mukeba;

– La mise en place d’un Crédit Bureau ainsi qu’un Registre centralisé sur les garanties bancaires pour améliorer la gestion des risques des crédits sue les personnes physiques ;

– La modernisation actuelle de la Centrale des risques pour un meilleur suivi des risques sur les personnes morales;

– Le dossier de la dernière mission de la Banque Centrale auprès des banques commerciales.

« Sans vouloir remettre en cause la majeure partie des conclusions de cet audit et la hauteur des sanctions financières infligées aux banques qui semblent disproportionnées, nous profitons pour vous confirmer l’engagement de tous les membres à participer activement et en toute transparence aux efforts déployés pour la stabilisation de la monnaie nationale. », a déclaré Célestin Mukeba.

Face à ces nombreux obstacles à surmonter, l’ACB préconise une collaboration étroite entre le secteur financier, la Banque Centrale et le Gouvernement congolais.

« Chacun, à son niveau, doit jouer son rôle pour pouvoir pérenniser notre secteur qui est le moteur de la croissance économique », a conclu le Président de l’Association Congolaise des Banques (ACB).

Avoirs des banques commerciales en nette augmentation

Les avoirs des banques commerciales en monnaie nationale en compte courant à la Banque Centrale du Congo ont enregistré une percée impressionnante en rythme hebdomadaire, à la dernière semaine du mois de février 2024.

Dans sa note de conjoncture économique, du 23 février 2024, la Banque Centrale du Congo (BCC) a relevé que les avoirs des banques commerciales en monnaie nationale en compte courant à la BCC ont enregistré une hausse hebdomadaire de 158,7 milliards de Francs congolais (CDF) pour se situer à 3.149,8 milliards de Francs congolais (CDF).

La même source notifie que la réserve obligatoire en monnaie nationale étant de 2.481,0 milliards de CDF, il se dégage une position nette des avoirs en monnaie nationale des banques commerciales de 668,8 milliards de CDF contre un niveau de 510,1 milliards de Francs congolais une semaine auparavant.

Par ailleurs, la réserve obligatoire en devises se situe à hauteur à 965,5 milliards de CDF au cours de la période sous-analyse.

Patrick BOMBOKA

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