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RDC : l’ODEP préconise un budget de 1,6 milliard USD soit 10% du budget global pour le secteur de l’Agriculture
En 2003, à Maputo au Mozambique, la Conférence de l’Union africaine a décidé de mettre en œuvre le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA).
A cet effet, les pays se sont engagés à allouer au moins 10 % de leurs ressources budgétaires nationales au développement agricole et rural.
La loi des finances publiques de l’exercice 2023 du Gouvernement de la République Démocratique du Congo prévoit plus de 1 534,6 milliards de Francs congolais (CDF) soit plus de 759,3 millions USD en termes de crédits budgétaires du secteur de l’Agriculture. Cette somme représente 5,06% du budget général arrêté 16,2 milliards de dollars américains.
Dans un rapport publié le samedi 20 mai 2023 intitulé « le secteur agricole principale source de la croissance inclusive et de sécurité alimentaire : les propositions de l’ODEP », la structure fustige la modicité des crédits budgétaires alloués au secteur l’Agriculture par le Gouvernement congolais.
Florimond Muteba, président du Conseil d’administration de l’ODEP, estime que malgré les prévisions budgétaires de ce secteur avoisinant les 759 millions de dollars américains, le décaissement annuel atteint à peine quelque 50 millions USD très souvent partagés entre le fonctionnement du ministère et la rémunération des cadres et agents de ce secteur.
A en croire Florimond Muteba, avec un budget annuel de 1,6 milliard USD soit 10% du budget général du gouvernement congolais, dans cinq (5) ans le pays peut parvenir à l’autosuffisance alimentaire. Il estime qu’en mettant à profit le projet de développement de 145 territoires, le Gouvernement congolais peut créer plus cinq (5) millions d’emplois rien que dans le secteur agricole.
Suivant son raisonnement, Florimond Muteba indique que si le Gouvernement crée des centres de formation en techniques agricoles dans chaque territoire du pays, avec 100 personnes formées par territoire, cela peut entraîner 14 500 emplois directs. Cette approche, note-t-il, peut facilement occasionner la création de plusieurs millions d’emplois.
La pénurie en produits de première nécessité dont la farine de maïs en République Démocratique du Congo (RDC), malgré ses 80 millions d’hectares de terres arables, est une bonne occasion pour le Gouvernement de mettre en place une véritable politique agricole centrée sur le développement endogène.
Ci-dessous, quelques propositions de l’ODEP pour améliorer la gouvernance du secteur agricole :
– Appuyer les structures d’encadrement des paysans
Pour l’ODEP, il faut veiller à ce que le monde paysan soit en bonne santé et jouisse d’un équilibre nutritionnel
et d’un système efficace de prévention sanitaire. Il doit disposer d’un espace économique suffisant, défini par les conditions d’accès à la terre et par le rapport des prix des facteurs de production et des produits. Il doit pouvoir défendre et étendre d’une manière autonome cet espace économique en s’organisant sur une base paysanne (association villageoise, groupement de jeunes, coopérative) et peser dans le rapport des forces politiques.
– En second lieu l’ODEP indique que les systèmes culturaux et fonciers doivent respecter les équilibres de reproduction :
– fertilité, contrôle des maladies,
– association agricole /élevage,
– respect des contraintes spécifiques de main-d’œuvre et du calendrier cultural,
– respect du rythme d’accumulation possible en évitant un seuil d’endettement trop important par rapport aux ressources de l’exploitation.
La recherche agronomique doit être orientée vers de nouvelles directions :
– essor des cultures autochtones;
– forme d’élevage lié à l’utilisation des fourrages et tourteaux locaux;
– nouveaux systèmes de rotation des cultures adaptés aux problèmes de la conservation des sols;
– La reconquête des marchés urbains:
Dans la création de nouveaux produits, on doit, si l’on veut concurrencer le produit importé, intégrer les qualités appréciées dans les produits importés (goût, hygiène, présentation) sans négliger la culture alimentaire locale dans laquelle ces nouveaux produits prendront racine. Ils doivent avoir des qualités nutritives supérieures à celles de certains produits importés (riz blanc).
Mobilisation de l’épargne et la régulation des stocks alimentaires : Elles sont nécessaires afin de reconstituer des mécanismes de sécurité et de lutte contre les aléas climatiques :
– épargne monétaire,
– stocks viviers,
– troupeaux.
Intégration des filières de production : Tenir les prix rémunérateurs à la production durablement et maintenir la pression sur les prix aux consommateurs supposent une révision des coûts de commercialisation et de transformation qui peuvent être obtenus de la manière suivante :
– intégrer le plus possible les opérations de transports, de transformation et de
conditionnement sur une filière courte : rationalisation des coûts de transports, faibles coûts de structure, mode d’organisation sociale proche de l’artisanat ou semi-industriel (PME).