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RDC : Patient Ligodi, Achille Budjoko et Kash Thembo plaident pour un journalisme au cœur du débat public

Patient Ligodi, Directeur général du site d’informations Actualité.cd; Achille Budjoko, professeur des universités; et le caricaturiste, Kash Thembo ont, tous trois, porté sur les fonts baptismaux, le jeudi 23 mai 2024 à Kinshasa, le livre intitulé « sociologie du journalisme des problèmes publics à la croisée des discours ».
Cet ouvrage de plus de 280 pages, subdivisé en quinze chapitres, se veut un plaidoyer pour une pratique du journalisme au cœur du débat public en République Démocratique du Congo (RDC).
Dans son intervention, Patient Ligodi, assistant à l’Université des Sciences de l’information et de la communication (UNISIC), a indiqué qu’au-delà d’un travail scientifique, ce livre est un plaidoyer pour replacer le journalisme au cœur du dispositif du débat public.
« C’est qu’il faut retenir, c’est l’urgence de pouvoir donner aux journalistes ses armes pour qu’ils puissent participer à la construction du débat public. C’était notre façon de documenter la campagne électorale en considérant le fait que le débat public était essentiellement nourri par les hommes politiques, les candidats, et qu’il avait trop peu de place au vrai journalisme, un journalisme qui irait au-delà de la parole des hommes politiques, un journalisme qui irait également au-delà des moyens de communication déployés par les différents protagonistes, un journalisme qui proposerait la construction du vrai débat public, qui serait au cœur du débat public.
C’est également une expérience entre trois types d’écriture notamment la caricature avec Kash Thembo, la chronique journalistique avec Patient Ligodi et l’analyse narratologique avec le professeur Achille Budjoko. Au-delà d’un travail scientifique, c’est plutôt un plaidoyer pour replacer le journalisme au cœur du dispositif du débat public. », a-t-il dit.
Pour le professeur Achille Budjoko, spécialiste en sociologie des médias et de la communication, les médias jouent un grand rôle dans le développement d’une société. Ceux-ci sont à l’origine de diffusion des valeurs et de l’imaginaire de l’environnement politique.
« Les médias sont à l’origine de diffusion des valeurs et de l’imaginaire de l’environnement politique qui doit nous être livré. Le journaliste fait également face à d’autres groupes sociaux qui vivent dans cette société. Il y a des problèmes qui se posent et surtout lorsqu’on est en période de campagne électorale et on le ressent et cela transparaît dans ce qu’on appelle « différents programmes ». Lorsque vous prenez toutes les interactions du journaliste, des groupes sociaux, vous comprendrez que c’est très inquiétant qu’on puisse mettre en filigrane les différents rapports afin d’avoir une idée claire sur la manière de poser le problème dans notre communauté et les élections deviennent des moments privilégiés pour répondre à ces genres des questions. C’est ainsi que nous avons pensé que c’est trois discours notamment le discours caricaturiste, le discours livré par le journalisme et le discours scientifique peuvent se mettre ensemble et se mettant ensemble, nous avons produit cet ouvrage qui vient résoudre un problème celui de rendre publiques les situations problématiques. Parce qu’il y a des situations problématiques qu’on ne sait pas définir parce qu’on ne les connaît pas, ils ne sont pas mis à l’agenda. La population même n’en connaît rien. Et là, ça devient très dangereux. », a affirmé Achille Budjoko.
De son côté, le caricaturiste Kash Thembo dit avoir apporté dans cet ouvrage le côté humoristique qui va, selon lui, au-delà des éléments ramenés par les journalistes reporters.
« J’ai apporté ma touche artistique, c’est-à-dire là où on se lâche. Eux (Patient Ligodi et Achille Budjoko), ils sont enseignants et c’est très scientifique. Moi, avec mon art et ma liberté, je me suis exprimé et mes dessins donnent la parole à tous les congolais. Comme je donne la parole aux congolais de tous bords, mes dessins, je l’espère, réfléchissent ce que pensent réellement les congolais. C’est vrai que je fais confiance aux journalistes qui vont en reportage. La plupart de fois, j’ai rebondi sur les éléments qu’ils ramènent. Il arrive que je dessine librement après avoir lu les dépêches. Et donc, j’utilise mon art pour produire des dessins. La caricature, c’est de l’art et aussi une forme journalistique. Je ne fais pas d’illustrations, mais je rebondis toujours sur ce qu’écrivent mes collègues, mais je le dis avec mes propres mots et codes. Donc, je prends l’information, je rajoute de l’humour et de la fantaisie pour pouvoir passer un message. La caricature a ceci de particulier : ce que je peux traiter de tous les thèmes même les sensibles. C’est l’avantage qu’a la caricature sur les autres formes de journalisme. », a-t-il fait remarquer.
Résumant en quelques mots cet ouvrage volumineux, le professeur Pierre N’Sana a noté que ce livre analyse une série de caricatures et de chroniques qui ont été diffusées par Actualité.cd lors de la campagne électorale de décembre 2023.
« Les auteurs ont essayé d’aborder ces publications de presse sous l’angle de la sociologie du journalisme et des médias. J’invite tous ceux qui s’intéressent à la lecture d’abord mais aussi aux problèmes publics de reprendre l’expression des auteurs, de lire ce livre parce qu’il y a une rencontre entre l’écriture scientifique, l’écriture journalistique et l’écriture artistique contenue dans les caricatures produites par Kash qui est une référence dans ce domaine. », a souligné le professeur Pierre N’Sana.
La particularité de ce livre, a-t-il indiqué, est d’avoir combiné trois modes d’écriture qui n’ont pas toujours l’habitude de cheminer ensemble.
Mitterrand MASAMUNA