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RDC : Pollution des rivières Kasaï et Tshikapa, les chances de réparation sont moindres (Expert)

Après la pollution des rivières Kasai et Tshikapa en juillet 2021 par des prétendus exploitants miniers angolais, les chances pour la RDC de trouver réparation aux dommages subis sont moindres, selon Dieudonné Musibono, Conseiller du Président Félix Tshisekedi en charge de l’environnement.
S’exprimant sur le sujet, Dieudonné Musibono relève certains préalables qui, à ce jour, ne sont pas encore remplis.
« Normalement, lorsqu’il y a pareil différend, il faut commencer par prélever les échantillons, les analyser afin de déterminer la nature et la quantité du polluant. La deuxième étape, c’est la comparaison de la valeur trouvée aux normes nationales. A cette étape, on doit communiquer au pollueur ce qu’il a réellement déversé dans les cours d’eaux ainsi que les valeurs enregistrées, qui sont au-delà des valeurs légales. En ce moment-là, ça devient un problème. Mais si nous n’avons pas une valeur de référence au niveau national, nous ne pouvons pas utiliser les directives internationales pour incriminer le pollueur », a expliqué Dieudonné Musibono.
Ce scientifique congolais n’est pas allé par le dos de la cuillère pour démontrer que la RDC n’a pas de chance de se faire dédommager. Car, argument-il, aucune démarche sérieuse n’a jusque-là été entreprise pour appliquer le principe du « Pollueur-payeur » qui consiste à faire supporter les frais résultant des mesures de prévention, de réduction et de la lutte contre la pollution par l’auteur.
A l’en croire, scientifiquement, l’Etat congolais n’est pas en mesure de prouver cette pollution.
« Normalement, quand on veut utiliser les directives internationales, il faut d’abord réunir toutes les parties prenantes au niveau national, on ne peut pas par exemple utiliser les normes de l’Organisation mondiale pour la Santé ( OMS), cela n’aura pas de sens car on n’a pas eu en amont une concertation pour l’appropriation. Voilà pourquoi il est difficile aujourd’hui d’obtenir de l’Angola la compensation appropriée » , a-t-il conclu.
Pour le député Guy Mafuta Kabongo, élu de Tshikapa, cette question est traitée avec beaucoup de légèreté.
« Je constate une légèreté de la part du Gouvernement dans le traitement de cette question. Jusqu’à présent, on ne connait pas le nombre exact des personnes qui ont été touchées directement ou indirectement. Quand on parle de 12 morts, ce sont des morts qu’on a pu ramasser dans les centres de santé connus. Mais dans les villages où on a des difficultés d’accès, on ne sait rien », s’est indigné l’élu de Tshikapa.
Au mois de juillet 2021, une fuite a été constatée chez Catoca Mining, la plus grande mine de diamants d’Angola, à cause d’une défaillance technique de son système de canalisation d’eau. Ce qui occasionna, selon certaines sources, la pollution des rivières Kasaï et Tshikapa en République Démocratique du Congo, causant ainsi des dégâts énormes.
Les enquêtes initiées par le Gouvernement de la RDC n’ont toujours pas livré ses secrets.
Olivier KAFORO