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RDC : près de 54 % des congolais pourraient ne pas se rendre aux urnes pour voter (GEC)

À 11 mois des élections prévues fin 2023, près de 54% des congolais pourraient ne pas se rendre aux urnes pour désigner leur président si l’élection était organisée dimanche.
Alors qu’ils étaient 78 % en juin dernier à souhaiter participer au vote, actuellement seuls 46, 31% d’électeurs disent qu’ils iraient voter si le scrutin se tenait ce dimanche. C’est ce que révèle le sondage intitulé « Présidentielle 2023 : l’abstention pourrait atteindre un taux record » publié, le jeudi 16 février 2023, par le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci), avec Ebuteli et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’Université de New York.
Selon cette étude, l’ampleur de l’abstention risque d’être la clé de l’élection présidentielle.
« Aujourd’hui, la majorité de ceux qui veulent voter sont ceux qui souhaitent accorder un second mandat au Président sortant. Dans les fiefs des opposants, beaucoup s’abstiennent encore ou ne savent pas s’ils vont aller glisser leur bulletin dans l’urne. Cela pourrait engendrer une large victoire de Félix Tshisekedi avec 50,42 % des suffrages exprimés. », révèle le rapport.
En effet, selon l’étude, l’une des raisons de ce possible taux record d’abstention pourrait se trouver dans la gestion du processus électoral.
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’a toujours pas réussi à améliorer sa cote de confiance.
Malgré la publication du calendrier électoral et le lancement de l’enrôlement des électeurs, la méfiance envers la CENI persiste. Seulement 37% des répondants estiment que la CENI peut organiser des élections crédibles, libres et transparentes. Et ces soutiens de la Centrale électorale sont regroupés essentiellement dans les fiefs électoraux de Tshisekedi.
L’ambiguïté dans le discours des leaders de l’opposition pourrait être l’autre facteur pour expliquer, à ce stade, un faible taux de participation à la prochaine présidentielle.
En même temps qu’ils dénoncent le processus électoral, certains se déclarent candidats et appellent leurs électeurs à s’enrôler. C’est notamment le cas de Moïse Katumbi et Martin Fayulu.
Cette enquête démontre également la régionalisation du vote. Les intentions de vote en faveur de certains candidats déclarés et personnalités politiques sont amassées en plus grand nombre auprès des congolais sondés résidant dans leurs régions d’origine.
A cet effet, Ebuteli estime que « cette abstention qui semble profiter à présent au Président Tshisekedi pourrait se retourner contre lui à la longue pour deux raisons ».
Premièrement, si l’opposition parvient à mobiliser ses partisans en adoptant un discours sans ambiguïtés en faveur du processus électoral en cours.
Deuxièmement, une présidentielle avec un taux d’abstention record affecterait davantage la légitimité de celui qui en serait déclaré vainqueur, surtout dans ce contexte de vote polarisé autour de l’appartenance régionale. Il est donc important que les uns et les autres, en commençant par la CENI, redonnent confiance aux congolais vis-à-vis du processus électoral en cours et les mobilisent davantage pour s’enroler d’abord et ensuite, pour aller exprimer leurs choix.