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RDC : trois indicateurs du cadrage macroéconomique en déphasage avec les prévisions 2020

Le taux de croissance, le taux d’inflation et le taux de change sont les trois indicateurs du cadrage macroéconomique qui sont actuellement en total déphasage avec les prévisions budgétaires de l’année 2020. Leur réajustement impose un collectif budgétaire.
Taux de croissance négatif
Initialement prévu à 5,4%, le taux de croissance a été d’abord revu à 4,1% avant de tomber à 1,1% à la suite des effets néfastes de la crise sanitaire sur l’économie congolaise.
« Au cas où le choc se poursuivait au-delà de juin 2020, l’économie congolaise entrerait en récession. La Rd Congo subirait alors de durs effets directs et indirects de cette pandémie sur le plan économique », indiquait une analyse de la commission économique du Gouvernement à fin mars dernier.
A RE(LIRE) : de 4,1%, le taux de croissance prévisionnel chute à 1,1% en 2020 (officiel)
Si des économistes indépendants dont ceux du Think Tank Congo Challenge ont évoqué une croissance quasi nulle de 0,1%, le Fonds monétaire international (FMI), lui, table sur une décroissance de -2,2% pour la Rd Congo. Autant, il espère une reprise en 2021 avec une croissance de 3,5%.
Taux d’inflation en accélération
Il s’observe sur le marché des biens et services une accélération constante de l’inflation. Alors que le taux d’inflation fin période a été prévu à 6,5% pour 2020, la Rd Congo enregistre à peine au quatrième mois de l’année un taux de 5,8% selon le FMI.
A cette allure doublée des effets du choc sanitaire sur l’économie nationale, il n’est pas exclu que l’année se termine avec un taux d’inflation de 11%.
En des termes clairs, cela signifie que les congolais vont connaître une perte du pouvoir d’achat de la monnaie se traduisant par une augmentation générale des prix sur les marchés des biens et services.
Taux de change budgétaire désuet
Si le taux de change budgétaire fin période a été arrêté à 1 687,9 CDF pour 1 dollar américain, cette parité monétaire est tombée en désuétude depuis plus d’un mois.
D’après l’analyse du Gouvernement susevoquée, la dépréciation du taux de change a été de 1,9% aux trois premiers mois de 2020 alors qu’en 2019 il était à 2,3%.
(1) Avec un taux budgétaire 1687CDF/$ et un taux du marché à 1800CDF/$, l'enseignant X qui est sensé gagner 210$/mois, gagne en réalité 196$. En 4 mois, le CDF s'est déprécié de 7% par rapport au USD. Si la tendance ce maintien et que le taux budgétaire ne change pas, … pic.twitter.com/NvpzGOHMyJ
— Ikala Engunda (@EngundaAlain) April 25, 2020
Au marché de change parallèle, le taux de change appliqué est de 1 800 CDF pour 1 dollar américain. Normalement, cette situation de dépréciation couplée à l’accélération d’inflation creuse la perte pouvoir d’achat du peuple congolais.
A RE(LIRE) : le Gouvernement appelé à envisager un collectif budgétaire suite au choc du COVID-19
Il y a lieu d’observer que tous ces trois indicateurs du cadrage macroéconomique sont complètement en déphasage avec les prévisions budgétaires annuelles de la Rd Congo.
Ajouter à cela la baisse sensible des recettes publiques et la nécessité pour le Gouvernement d’orienter le gros des dépenses publiques (en forte augmentation) à la riposte contre le Covid-19 et ses effets néfastes maintenant et après la crise sanitaire, tout concoure pour une loi budgétaire rectificative.
Si le Gouvernement s’y penche rapidement, le collectif budgétaire pourrait être soumis au Parlement, examiné et approuvé avant le 30 juin 2020.
Emilie MBOYO