Afrique
Afrique subsaharienne : vers un excédent primaire de 0,1 % du PIB, mais la dette absorbe 50 % des recettes

Selon le rapport Africa’s Pulse publié le 23 avril 2025 en marge des Assemblées de printemps des institutions de Bretton Woods, les efforts d’assainissement budgétaire des pays africains portent leurs fruits : les déficits primaires se réduisent. Mais la pression exercée par le service de la dette reste colossale, accaparant jusqu’à la moitié des recettes publiques dans certaines économies.
Le déficit primaire moyen de l’Afrique subsaharienne est passé de 0,5 % du PIB en 2024 à 0,3 % prévu pour 2025. Mieux encore : la Banque mondiale anticipe un basculement vers un excédent primaire de 0,1 % du PIB en moyenne entre 2026 et 2027. Ce redressement budgétaire s’explique par une combinaison de mesures : augmentation des recettes fiscales, réduction ciblée des dépenses (hors intérêts) et meilleure discipline dans l’exécution des budgets.
Mais cette trajectoire vertueuse est fortement contrecarrée par le poids croissant des paiements d’intérêts sur la dette.
Sur la période 2025-2027, ceux-ci devraient atteindre en moyenne 3,4 % du PIB.
En 2024, 20 pays sur 48 dépenseront plus pour le service de la dette que pour l’ensemble des secteurs de la santé et de l’éducation réunis.
Le constat est sans appel : entre 2012 et 2019, le service de la dette publique est passé de 16 % à 39 % des recettes. En 2024, il atteint un pic historique d’environ 50 % des recettes publiques.
Bien que des efforts de restructuration et de réaménagement aient été amorcés, l’incertitude persiste quant à la soutenabilité de la dette dans un contexte financier mondial restrictif.
Pour enrayer cette spirale budgétaire, les experts de la Banque mondiale recommandent des actions coordonnées et structurelles :
1. Mener des opérations actives de gestion des passifs : échange de dette, allongement des maturités, conversion en obligations durables.
2. Renforcer la mobilisation des ressources domestiques : élargir l’assiette fiscale, améliorer la gouvernance des régies financières, numériser les services fiscaux.
3. Réduire la dépendance au financement extérieur à court terme : privilégier les partenariats innovants et les financements concessionnels.
4. Protéger les dépenses sociales essentielles : conditionner les ajustements budgétaires à des seuils minimaux pour l’investissement dans la santé, l’éducation et les infrastructures de base.
L’Afrique subsaharienne est à un tournant budgétaire. Si les efforts de rigueur commencent à produire des effets, la dette publique reste une menace silencieuse pour la souveraineté budgétaire. Réformer en profondeur, restructurer intelligemment et protéger les dépenses sociales : voilà les trois piliers d’une sortie durable de la vulnérabilité financière.
Flory Musiswa