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RDC : moins de 10% de la population ont accès à l’électricité (rapport)

En République Démocratique du Congo (RDC), moins de 10 % de la population ont accès à l’électricité. Et pourtant, le pays dispose d’un des plus grands potentiels hydroélectriques au monde : plus de 100.000 MW, dont 40 % concentrés sur le site d’Inga, dans la province du Kongo Central.
Ce constat amère est issu du nouveau rapport de la Coalition des Organisations de la Société civile pour le suivi des Reformes et de l’Action Publique (Corap), récemment publié.
En effet, explique le document, c’est dans les années 1970 que le Président Mobutu initie le projet Grand Inga, avec la construction d’Inga I et Inga II. Mais pendant plus de trente ans, le secteur de l’électricité tombe dans l’oubli. Ce n’est qu’à partir de l’époque de Joseph Kabila que l’État tente de relancer le projet, avec plusieurs barrages en vue : Zongo II, Katende, Kakobola… mais surtout Inga III.
Appuyé au départ par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, le projet Grand Inga devait être développé en huit étapes, en commençant par Inga III Basse Chute (4 800 MW), puis Haute Chute (7 800 MW). Mais en 2014, les bailleurs se retirent. En cause : un manque de transparence.
Le Président Kabila avait placé le projet sous le contrôle exclusif d’une agence rattachée à la présidence, l’ADPI-RDC, échappant à tout contrôle gouvernemental ou parlementaire.
Avant de quitter le pouvoir, Joseph Kabila signe un accord avec un consortium sino-espagnol pour développer Inga III en une seule phase de 11 050 MW. Cette nouvelle formule est jugée non rentable par les anciens bailleurs.
En 2019, le Président Tshisekedi relance le projet avec la promesse d’y remettre de la transparence. Plusieurs accords sont signés avec des entreprises étrangères (EVAGOR, Fortescue, NOSFL). Dans le même temps, la Banque mondiale revient timidement dans le dossier.
Mais le rapport de la CORAP alerte sur plusieurs risques majeurs identifiés à ces jours :
– Le recours au partenariat public-privé (PPP), dans lequel les entreprises privées auraient la mainmise sur tout le projet : de sa conception à sa gestion.
– L’absence de vision claire du gouvernement sur le long terme.
– Des contrats déséquilibrés, souvent rédigés en faveur des investisseurs, avec peu de retombées pour les populations congolaises.
– Des risques sociaux, environnementaux et financiers importants : expropriations, endettement, durée de concession trop longue…
Pour mettre un terme à ces défis de nature à doucher les acquis attendus, le document recommande :
Primo, Mettre en place une gouvernance transparente et inclusive ;
Secundo, Développer une vision nationale claire des besoins énergétiques ;
Tertio, Revoir en profondeur le modèle PPP pour protéger les intérêts de l’État et de la population.
Par ailleurs, s’interrogent les experts : le projet Grand Inga est-il une opportunité ou une menace ? La réponse dépendra des choix stratégiques des autorités congolaises, concluent-Ils
Flory MUSISWA






















