Julien Paluku : « que ce soit à Manono, Tanganyika ou Lualaba, la population va bénéficier de la redevance minière du lithium »

Intervenant le jeudi 1er novembre 2022 sur les antennes de la radio Top Congo FM, le Ministre congolais de l’Industrie, Julien Paluku a précisé qu’ « autour de l’industrie de batteries, il faut un écosystème de routes, infrastructures, transports et ports ». Raison pour laquelle, il soutient l’idée de la création des premières usines de batteries électriques dans l’écosystème des Zones Spéciales économiques.

La sortie médiatique du Ministre Julien Paluku vaut une mise au point par rapport aux nombreuses réclamations exprimées par certains leaders communautaires de la ville de Manono.

« Cette précision de taille a pour objectif de rassurer la population de Manono qui se dit délaissée dans le dossier de création des usines de batteries électriques en République Démocratique du Congo (RDC) », a-t-il affirmé.

En effet, la société civile de Manono est montée au créneau contre la
décision du Ministre de l’Industrie d’implanter une usine de fabrication de batteries à base de lithium à Lubumbashi, chef-lieu du Haut-Katanga, alors que
les activités d’extraction de lithium se tiendront à Manono au Tanganyika.

Pour les acteurs de la société civile de Tanganyika, l’usine des batteries à base de lithium de Manono devrait être établie au Tanganyika et non ailleurs. Ils estiment qu’établir cette société à Lubumbashi ne va pas contribuer au developpement local (de Manono) et qu’il n’y aura pas de retombées palpables de ce gisement sur le train de vie de la population de Manono.

En réaction, Julien Paluku a expliqué les raisons ayant conduit à cette décision.

« Nous sommes sur le chantier de la Zone économique spéciale de Manono qui est le bastion de lithium. A la question pourquoi ne pas transformer à Manono? Je répondrais que nous devons déjà commencer avec ce que nous avons. On n’attendra pas qu’on ait un écosystème adéquat pour commencer car la demande est forte. On commence là où il y a un écosystème favorable pour nous permettre de répondre à la forte demande que nous avons, accroître notre budget et nous permettre d’attirer d’autres investisseurs vers les lieux maintenant de production cad Manono », a-t-il déclaré pour apaiser toute tension.

Julien Paluku a également noté que les entreprises de transformation d’énergies de dernières générations de batteries électriques se feront en n’importe quel lieu parce qu’on n’aura pas la seule usine avec une demande de 500 millions de voutures électriques.

« Pour l’instant, une seule usine à Manono ne saura pas répondre à elle seule au besoin mondial. On a donc besoin d’installer des usines à Manono, au Haut-Lomami, Tanganyika et Lualaba », a avancé Julien Paluku.

Signalons qu’il n’y a pas que le lithium qui entre dans la composition des batteries pour les voitures électriques. A ce minerai, il faut associer aussi le cobalt, le manganèse et le nickel .

« Nous voulons nous rassurer que la base de la chaîne de valeur, c’est la RDC pour ne pas subir les pressions extérieures », a insisté Julien Paluku.

Et d’ajouter : « Je rassure que nous allons installer des usines à Manono après le Haut-Katanga. Nous commençons avec les précurseurs dans le Katanga mais pour les voitures électriques elles-mêmes, peut-être ça aura lieu à Manono ou ailleurs. Pour l’instant, nous donnons de la valeur au manganèse, nickel aux offtakers c’est-à-dire les acheteurs qui ont besoin de ces éléments comme matières premières dans la fabrication de batteries électriques parce que dans la première phase nous ne produirons pas encore de voitures électriques en RDC, on va produire les précurseurs. Ce n’est qu’après cette étape quand nous aurons mis en place un écosystème général bien assis que nous pourrons produire des batteries électriques. », a rassuré le patron de l’Industrie congolaise.

Par ailleurs, le Ministre Julien Paluku a estimé que le Code minier a déjà répondu à ce genre de préoccupation.

« A l’exploitation minière de Manono si c’est le lithium, sachez que 50% de la redevance minière vont rester dans la province en raison de 15% dûs aux Entités territoriales locales où est extrait le lithium; 10% à la province. Les 25% autres serviront à résoudre les problèmes économiques de la province. 10% seront versés au Fonds Minier pour les générations futures ayant pour rôle encore une fois de financer des projets dans l’entité où est extrait le minerai. », a-t-il dit.

Il sied de noter que la tonne de lithium est à 71 000 USD sur le marché. Si le pays arrive à exploiter 50 tonnes de lithium de cette valeur. Sur ce chiffre, si on prélève 10%, il y a de quoi construire des routes, des chemins de fer et des centrales hydroélectriques de cette province. La chaîne de valeur commence donc par cette extraction. », a-t-il martelé.

A travers ses propos, le Ministre de l’Industrie tient à rassurer la population de Manono qu’elle va bel et bien bénéficier des retombées de l’extraction du lithium dans cette contrée.

Nadine FULA