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Quel rôle doit jouer le secteur des matériaux de construction dans la transition écologique du continent africain ?

Tribune- L’Afrique et les africains font face à une très grande injustice. D’une part, les pays africains sont responsables de moins de 3 % des émissions mondiales cumulées de CO2 depuis le début de la révolution industrielle. Et d’autre part, et ce selon le sixième rapport d’évaluation du GIEC, l’Afrique est considérée comme étant le continent le plus vulnérable aux effets du changement climatique. Près de 100 millions africains sont sous la menace potentielle de ses conséquences qu’il s’agisse d’épisodes de sécheresse intense ou d’inondations destructrices.
Dans ce contexte, il est important que la Conférence de Charm el-Cheikh de 2022 sur les changements climatiques, dite COP 27, qui se déroule du 7 au 18 novembre se passe en Afrique. Tout comme il était essentiel que la PréCOP27 se soit tenue à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, pays solution, dont le bassin abrite la deuxième forêt tropicale du monde stockant par hectare et par an plus de CO2 que les forêts d’Amazonie et d’Indonésie.
Car, il apparaît évident aujourd’hui, au de-là de la problématique de la responsabilité partagée qui vise à trouver des solutions qui feront participer financièrement les pays occidentaux à la transition écologique du continent africain, que le continent est avant tout une terre de solutions climatiques. L’Afrique possède le plus grand potentiel en matière d’énergies renouvelables entre le solaire, l’éolien, l’hydroélectrique, le géothermique et même d’hydrogène vert. De même, les terres rares, ressources indispensables au développement des technologies vertes, dont les plus grandes réserves sont présentes en Afrique. Il n’y a donc pas lieu à discussion, le continent et les Africains font partie de la solution climatique au niveau mondiale.
Ainsi, l’enjeu est considérable pour l’ensemble des acteurs publics comme privés qui agissent au quotidien pour le développement du continent. Les acteurs locaux ont un rôle incontournable à tenir pour le faire évoluer favorablement.
Et à notre niveau, en tant que fournisseur de matériaux de construction, nous avons une contribution importante à apporter. Selon le World Urbanisation Prospects l’urbanisation en Afrique atteindra 49,3% en 2035 et s’établira à 60% du continent en 2050. Le secteur des fournisseurs de matériaux de construction africain doit être leader dans ce défi.
Impact environnemental et innovation chez les cimenteries africaines
Les fournisseurs de matériaux de construction, en accompagnant l’urbanisation des villes africaines et la transformation de leurs infrastructures, est un secteur clé dans le développement du continent. Face au boom démographique structurel, les différents pays ont besoin chaque année de toujours plus de logements, de routes, ou encore d’hôpitaux. Les défis sont aussi bien économiques que sociaux notamment pour répondre à la problématique que pose l’omniprésence des bidonvilles dans les principales capitales.
Mais le secteur du ciment est malheureusement énergivore, ce qui implique donc un impact environnemental conséquent tant sa dépendance aux énergies fossiles pour sa production et son transport est forte. L’industrie cimentière doit trouver des solutions qui favorisent l’innovation pour réduire son impact environnemental. Par exemple chez PPC Barnet RDC, nos ingénieurs ont réussi à substituer une partie de l’utilisation du charbon dans la production de ciment par des ajouts de noix de palme et de palettes de bois, passant d’une composante de 2% à 15% de la production sur le 1er semestre 2022.
Ainsi, cette solution innovante est un moyen concret et efficace pour réduire notre empreinte carbone et à participer aux actions collectives nécessaires pour lever les principaux obstacles à la décarbonisation, tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles. Nous avons pour objectif d’augmenter jusqu’à 30% la part de ces ajouts qui participent à atténuer les émissions de gaz à effet de serre et qui nous permettent de faire des économies dans la production de ciment. Le chemin vers des matériaux de construction durables émettant moins de CO2 sera difficile car dépendant des innovations, mais il est atteignable, souhaitable et surtout indispensable.
Un continent résilient à fort potentiel
La participation du secteur du ciment à la mise en œuvre de grandes infrastructures qui favorisent en même temps le développement économique, la transition écologique et énergétique des pays africains est également prioritaire. Le projet hydroélectrique du Grand Inga III en République Démocratique du Congo est représentatif de ces projets qui pourraient transformer le continent africain. La construction de ce barrage à 250 km de Kinshasa sur le fleuve Congo devrait permettre d’alimenter l’Afrique en électricité propre et répondre ainsi aux besoins énergétiques de près de 40% du continent.
Mais la transition écologique enclenchée par les différents acteurs publics comme privés ne doit pas se faire au détriment des populations. L’engagement de la filière des fournisseurs de matériaux de construction en faveur des communauté locales doit être total. Les actions RSE réalisées par les différents acteurs visent à renforcer la résilience d’un continent qui est doté de cultures et de coutumes qui font sa richesse, sont des preuves de la forte mobilisation du secteur. Ces nombreuses actions démontrent la volonté de l’industrie du ciment de s’ancrer positivement dans ses territoires d’implantation afin d’améliorer les conditions de vie des populations. La transition écologique ne doit pas transiger avec le développement social.
Le 21ème siècle, qui sera définitivement le siècle de l’émergence africaine, sera écologique ou sera synonyme d’effondrement de la société comme nous la définissons actuellement. Tâchons d’opter pour la première option, le secteur des matériaux de construction y prendra toute sa part.