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RDC-RSA : les impacts environnementaux du projet Inga 3 sur les deux pays (rapport)

Trois structures de la société civile à savoir la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique (CORAP), International Rivers & Womin et Femme solidaire (FESO) ont évalué les possibles impacts du projet Inga 3 sur l’environnement tant pour la RDC que pour l’Afrique du Sud.
Ils l’ont ressorti dans un rapport intitulé « Un prix trop élevé – Une étude des coûts socio-économiques du barrage Inga 3 pour l’Afrique du Sud ».
Cette évaluation environnementale montre que les investissements dans les énergies solaire et éolienne peuvent apporter des avantages plus importants, présenter des risques environnementaux moindres
pour l’Afrique du Sud et éviter la majorité des graves incidences environnementales négatives associées à Inga 3.
Pour le cas de la RDC, les trois structures estiment que la construction du barrage Inga 3 aura des impacts considérables sur la biodiversité en raison de l’altération probable des flux d’eau et de sédiments, de l’augmentation de la pollution et des changements écologiques en eau douce qui menaceront les espèces d’eau douce endémiques dans la région et en aval.
« L’option de 4 800 MW d’Inga 3 inonderait en particulier le cours inférieur de l’affluent de la vallée de Bundi, qui présente une grande biodiversité, détruirait la végétation naturelle et aurait un impact sur les espèces aquatiques.
Inga 3 et ses infrastructures auxiliaires pourraient également contribuer à la déforestation dans l’écorégion des rapides du Bas-Congo. Cependant, étant donné la couverture arborée relativement limitée dans la zone d’impact immédiat du barrage, les impacts de la déforestation, avec la perte de biodiversité associée, seraient probablement principalement associés à l’infrastructure de transmission vers la frontière de la RDC », indique le rapport.
« Des incidences environnementales aussi étendues et graves donnent aux groupes de défense des droits et à la population locale les raisons de s’opposer au projet et de le retarder. Cela a des implications directes pour l’Afrique du Sud, car de tels retards augmenteront encore les coûts du projet et, en fin de compte, le coût global de l’électricité vendue à l’Afrique du Sud », ont-ils indiqué.
Les impacts sur l’Afrique du Sud
Pour l’Afrique du Sud, ces trois structures de la société civile notent que le projet Inga 3 étant susceptible d’avoir de graves répercussions sur l’environnement en RDC, les impacts les plus importants pour l’Afrique du Sud seront ceux associés aux lignes de transmission.
L’une des préoccupations environnementales les plus importantes liées à l’expansion des lignes de transmission est le défrichage nécessaire de la végétation ou de la couverture forestière, ce qui entraîne la fragmentation des habitats et des forêts. La déforestation locale menace directement la biodiversité qui dépend des habitats naturels. Cependant, lorsque ces impacts sont portés à l’échelle, ils peuvent également avoir des répercussions régionales, voire mondiales, sur le climat.
Les corridors de transmission peuvent entraver le déplacement de certaines espèces, ce qui peut entraîner des répercussions à long terme sur la reproduction et la diversité des espèces. Ces mêmes changements peuvent également permettre la colonisation de nouvelles espèces, avec des impacts incertains sur la dynamique des écosystèmes.
En conclusion, les trois organisations relèvent que « Inga 3 aura des incidences négatives sur l’environnement, au niveau local, national et peut-être même mondial. Ceci augmentera le risque d’opposition au projet et de retards potentiels.
La ligne de transmission de plus de 2 000 kilomètres reliant la RDC à l’Afrique du Sud viendra s’ajouter aux impacts et aux risques environnementaux d’Inga 3. Ces lignes sont susceptibles de traverser des zones sensibles sur le plan environnemental, notamment des zones à forte couverture forestière, des ZCB et des AP.
« Notre évaluation a révélé que les risques environnementaux étaient les plus importants pour les voies de transmission externes. Cependant, le développement de la transmission à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique du Sud créerait un risque de retard, augmenterait les coûts globaux pour l’Afrique du Sud et retarderait la livraison de l’énergie dont le pays a tant besoin », note le rapport.
Les alternatives offrent une approche plus modulaire et décentralisée qui permettrait à l’Afrique du Sud de cibler les demandes d’énergie spécifiques à la source, réduisant ainsi la nécessité d’un développement important de la transmission.
L’Afrique du Sud dispose déjà d’une réglementation environnementale solide pour ces technologies alternatives.
Bien que des alternatives comme l’énergie solaire et l’énergie éolienne puissent encore avoir des impacts environnementaux considérables, elles démontrent un potentiel étendu en Afrique du Sud avec des zones de faibles risques environnementaux et sociaux globaux, tant pour le Gouvernement sud-africain que pour ses citoyens.
AGNÈS KAYEMBE