Economie
Afrique subsaharienne : l’inflation médiane est tombée à 4,5 % en 2024, mais 14 pays toujours en zone rouge

Le rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale publié le 23 avril 2025 en marge des Assemblées de printemps des institutions de Bretton Woods, confirme une tendance encourageante : la désinflation se poursuit en Afrique subsaharienne.
Pourtant, derrière cette amélioration globale, des poches de forte inflation subsistent, menaçant la stabilité macroéconomique de plusieurs pays.
Après une année 2023 marquée par un taux d’inflation médian de 7,1 %, l’Afrique subsaharienne enregistre une baisse notable en 2024, avec une inflation médiane ramenée à 4,5 %.
Les projections de la Banque mondiale prévoient une relative stabilité autour de 4,6 % en moyenne annuelle entre 2025 et 2027. Près de 70 % des pays de la région ont connu une décélération de l’inflation en 2024, grâce à trois facteurs principaux :
Primo, l’atténuation progressive des perturbations des chaînes d’approvisionnement,
Secondo, des politiques monétaires et budgétaires plus restrictives,
Tertio, une amélioration de la stabilité monétaire dans plusieurs économies. Mais cette désinflation régionale masque de profondes disparités. Sur les 47 pays analysés, 14 présentent encore des taux d’inflation à deux chiffres ou plus, parmi lesquels l’Angola, l’Éthiopie, le Ghana, le Malawi, le Nigeria, le Soudan et le Zimbabwe.
L’institution prévoit toutefois une amélioration à moyen terme : d’ici 2027, seuls six pays devraient rester au-dessus de ce seuil critique.
Les experts soulignent que la vigilance reste de mise : des risques inflationnistes à la hausse persistent, notamment en lien avec :
– La volatilité de prix des denrées alimentaires et de l’énergie;
– Les tensions géopolitiques pouvant affecter les importations;
– La fragilité des devises nationales dans un contexte de ralentissement de l’aide extérieure et d’augmentation du service de la dette.
Pour consolider les acquis, les Gouvernements sont invités à :
1. Renforcer la coordination monétaire et budgétaire afin d’absorber les chocs externes sans sacrifier la croissance.
2. Stabiliser les taux de change en favorisant une meilleure gestion des réserves de change et des flux de capitaux.
3. Sécuriser les filières alimentaires pour limiter l’impact des fluctuations mondiales sur l’inflation intérieure.
4. Améliorer la transparence des politiques économiques, gage de confiance pour les marchés.
L’Afrique subsaharienne est engagée sur la voie de la stabilisation des prix, mais les disparités nationales et les risques externes pourraient compromettre les progrès récents. La lutte contre l’inflation ne peut donc être dissociée d’une réforme structurelle de l’économie et d’une gestion proactive des vulnérabilités monétaires.
Flory Musiswa