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RDC : dossier « écart de 11 millions USD d’Equity BCDC », quatre faits rassurent les épargnants

Equity BCDC a annoncé avoir enregistré un écart de plus de 11 millions USD dans son compte d’espèces en transit. La divulgation de cette information, par devoir de transparence, a suscité moult inquiétudes et spéculations au sein de l’opinion Rd Congolaise. C’est dans cette ambiance que Zoom Eco fait un focus sur ce qu’il faut comprendre des termes : écart enregistré et compte d’espèces de transit. Autant, l’analyse des enjeux de cette situation déplorable indique des faits qui devraient, au lieu d’alarmer l’opinion, rassurer les épargnants.
Ecart – Compte de transit, en français facile
Lorsqu’il est évoqué un cas d’écart constaté par une banque dans son compte d’espèces de transit, des experts contactés par la rédaction de Zoom Eco sont unanimes que cela signifie tout simplement, du point de vue de la comptabilité, une perte d’argent. En effet, le solde réel constaté dans ce compte ne correspond pas au solde dégagé par les écritures comptables.
Cette perte peut avoir été occasionnée de diverses manières, à savoir notamment : par fraude, par erreur de commission ou d’omission, par défaut d’écriture comptable ou encore par le non rattachement correct des comptes, etc.) En ce moment de fusion des deux banques, commente un analyste, il serait possible qu’un des cas de figure se soit produit.
Le compte d’espèces en transit, en des termes simples, est un compte centralisé qu’une banque utilise en interne pour faire passer les fonds et les orienter vers leurs comptes de destination finale. Ce compte transitoire qui enregistre les mouvements d’espèces au sein d’une banque tant pour les opérations de caisse, de coffre que ses comptes bancaires de la banque auprès d’autres banques, n’a rien à voir avec les comptes de dépôts de clients, explique un expert du secteur bancaire.
Il y a lieu de préciser que la gestion d’écarts est une activité permanente dans les banques commerciales à travers les services en charge de réconciliation et du rapprochement. Dès lors que les sources d’erreurs sont identifiées, les écarts constatés peuvent être corrigés.
Premier fait: Dépôts et Comptes des clients restent sécurisés
Il s’agit du premier fait qui devrait rassurer les épargnants. D’autant plus que le compte de transit de fonds de cette banque commerciale qui dégage l’écart faisant l’objet d’enquêtes actuellement est différent des comptes de sa clientèle qui sont corrects.
« Nous saisissons cette opportunité pour confirmer que nous n’avons pas enregistré d’écarts dans les dépôts et les comptes des clients », a précisé Equity BCDC dans son communiqué du 5 janvier 2022.
Cette assurance donnée ne peut être contredite par quiconque si ce n’est la Banque Centrale du Congo qui, d’après des sources internes n’a reçu aucune alerte dans le cadre de sa supervision des opérations de fusion de deux banques Equity et BCDC en cours.
Deuxième fait: Traçabilité avérée du compte d’espèces en transit
Selon les procédures en la matière, toutes les opérations effectuées dans un compte d’espèces en transit d’une banque commerciale sont justifiées par des pièces comptables et scellées d’écritures comptables y relatives. Et l’orientation des fonds est connue : soit le compte d’un client et/ou tiers, soit à un compte interne de la banque commerciale.
A ce stade, commente un expert du secteur, l’audit minutieux des pièces comptables peut retracer la vraie destination de cet argent ou alors identifier l’origine de l’erreur ou encore la fraude à la base de la perte de plus de 11 millions USD.
« Les personnes habilitées participent aux enquêtes. Nous promettons une conclusion rapide des investigations tout en respectant nos valeurs de transparence, de professionnalisme et d’intégrité. Toute personne jugée responsable de cette situation (…) sera traitée conformément à nos politiques, procédures et valeurs éthiques et, le cas échéant, aux lois du pays », a rassuré Equity BCDC.
Troisième fait: Perte à absorber par les fonds propres !
La perte de plus de 11 millions USD, au cas où elle s’avérait, sera éventuellement absorbée par les fonds propres. En d’autres termes, la conséquence majeure de cet écart est qu’elle va affecter le capital de la banque ou alors impacter sur le compte d’exploitation de la banque. C’est donc une charge que le compte d’exploitation va devoir supporter, soutient un financier. Car, ce sont des fonds propres qui ont pour rôle d’absorber toute perte.
« Le danger à craindre serait que les fonds propres de l’entreprise ne soient plus en mesure d’absorber cette perte enregistrée. Pour Equity BCDC, cela ne représente que 3%. Donc, les clients peuvent continuer à faire confiance à cette banque quant à sa solidité », analyse un ancien banquier.
A propos de la solidité, Equity BCDC a soutenu dans son communiqué précité qu’elle a un total actif de 3,5 milliards USD et des fonds propres de l’ordre de 356 millions USD. La perte à absorber représenterait, le cas échéant, 3% des fonds propres et 0,3% du total Actif de cette banque.
Quatrième fait: la BCC veille à la loupe
Un fait rassurant, c’est le rôle de supervision de l’activité bancaire que joue la Banque Centrale du Congo pour préserver l’épargne du public et garantir la stabilité et la crédibilité du système financier Congolais. Ce n’est pas pour rien qu’elle a exigé l’augmentation du capital de toutes les banques commerciales opérant en RDC à 50 millions USD.
Dans le cas de fusion en cours, la BCC se rassure que tout se passe selon les normes requises d’autant plus qu’une banque absorbe une autre dans un processus qui nécessite plus de temps. Elle suit de près la situation jusqu’à l’élaboration du bilan de la nouvelle banque fusionnée.
Et ce qui concerne le cas d’écart constaté dans le compte d’espèces de transit d’Equity BCDC, la Banque Centrale du Congo est sensée se rassurer que la gestion de cet écart se fasse correctement et que les dépôts de la clientèle ne soient pas touchés. C’est une base de 1.743.953 clients avec un dépôt total évalué à 2,9 milliards USD.
Si sur les réseaux sociaux d’aucuns souhaitent que l’Inspection Générale des Finances (IGF) ou la Cour de Comptes s’ingèrent dans cette affaire, les analystes soutiennent qu’elles ne peuvent s’impliquer que si les fonds publics sont en danger. Vu qu’il s’agit d’une banque privée, le Parquet est habilité à apporter son expertise dans ces investigations afin d’établir les responsabilités.
Enfin, les experts contactés par Zoom Eco encouragent les Banques Commerciales actives en République Démocratique du Congo à plus de transparence et à mieux communiquer même en cas de crises. Cela éviterait toute spéculation.
De son côté, Equity BCDC, dont le communiqué a révélé au public l’information sur l’écart de plus de 11 millions USD constaté dans son compte d’espèces en transit a fait l’objet des critiques acerbes, rassure qu’elle s’impose les normes les plus strictes en matière de responsabilité et de transparence.
Plutôt que d’entamer la confiance des clients d’Equity BCDC, ces quatre faits devraient les rassurer davantage sur la crédibilité de cette institution bancaire dont les activités sont controlées à l’étroit par la Banque Centrale du Congo.
Nadine FULA