Finance
RDC : Judith Suminwa prône l’orthodoxie financière

Une nouvelle dynamique budgétaire se met en place en République Démocratique du Congo (RDC), marquée par un resserrement des critères d’exécution des dépenses urgentes.
Dans une correspondance datée du 5 février 2025, la Première Ministre, Judith Suminwa, a fixé que seules les dépenses liées aux opérations sécuritaires et aux déplacements urgents des chefs d’institutions seraient désormais éligibles à la procédure d’urgence.
Une orthodoxie financière dictée par le contexte sécuritaire
Cette décision s’inscrit dans la continuité de l’arrêté ministériel du 20 décembre 2024, rendu public le 8 janvier 2025, qui révisait le circuit des dépenses publiques.
L’objectif du Gouvernement est clair : resserrer les mailles de la gestion financière pour garantir une allocation stratégique des ressources dans un contexte marqué par l’agression du pays par l’armée rwandaise à l’Est du pays, notamment à Goma.
Loin d’être une simple mesure d’austérité, cette réforme budgétaire répond à un impératif stratégique : mobiliser les ressources de l’État au profit de la défense nationale.
En limitant les dépenses superflues et en redirigeant les fonds vers les besoins sécuritaires, le Gouvernement adopte une logique d’économie de guerre, où chaque franc congolais investi doit renforcer la résilience du pays face à l’agression extérieure.
Un tournant économique inspiré du keynésianisme
D’un point de vue économique, cette réallocation des ressources rappelle les principes de John Maynard Keynes, selon lesquels l’intervention de l’État en période de crise permet de stabiliser l’économie et de renforcer l’investissement dans les secteurs stratégiques.
En concentrant les dépenses sur la logistique militaire, la sécurisation des infrastructures et le soutien aux forces armées, la RDC vise à maintenir sa souveraineté tout en évitant un effondrement financier lié à un surendettement incontrôlé.
Vers une refonte de la gouvernance financière
Au-delà du contexte militaire, cette réforme traduit une volonté de renforcer la transparence et la traçabilité des fonds publics. Une gestion rigoureuse des finances publiques est essentielle pour limiter le déficit budgétaire et éviter une spirale d’endettement qui fragiliserait encore davantage l’économie congolaise.
Dans un environnement où chaque franc investi doit générer un impact tangible, la RDC amorce un virage stratégique : mettre l’économie au service de la souveraineté nationale, en s’appuyant sur une discipline budgétaire stricte et une priorisation des dépenses d’urgence. Cette politique pourrait non seulement consolider la résilience du pays face à l’agression extérieure, mais aussi poser les bases d’une gouvernance financière plus rigoureuse à long terme, notent les experts.
Flory Musiswa