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RDC : plus de 150 organisations de la société civile lancent la campagne « Notre terre sans pétrole »

Plus de cent cinquante (150) organisations de la société civile en République Démocratique du Congo (RDC) ont lancé, ce mercredi 30 octobre 2024, la campagne « Notre terre sans pétrole ».
D’après les initiateurs, cette campagne vise à dénoncer les conséquences environnementales et sociales de l’exploitation pétrolière en République Démocratique du Congo et dans la sous région.
Selon Patient Muamba, consultant à la CORAP, les communautés locales souffrent de la dégradation des terres agricoles devenues moins fertiles à cause des activités pétrolières.
« Beaucoup de nos communautés dépendent de la terre et donc nous avons l’expérience de Muanda, la terre de Muanda n’est plus fertile. La terre de Muanda ne donne plus ce qu’elle donnait il y a quelques années à cause du pétrole. C’est un message que l’on donne à toutes les communautés qui subissent les conséquences de l’exploitation du pétrole. Ces communautés là demandent à ce que leurs terres ne soient pas polluées par le pétrole. Ces communautés subissent également des irrégularités et des violations graves de droits humains avec l’exemple de l’Ouganda où la population ne sait pas vivre sur ses terres à cause de l’exploitation du pétrole. Ils sont chassés de leur terre. Ils n’ont plus de droit sur leurs propres terres. », a-t-il affirmé.
Maître Larette Kabedi Disanka de l’ONG APEM a insisté sur la nécessité pour la RDC de valoriser son potentiel forestier et de respecter les conventions internationales sur la biodiversité. Elle a également évoqué le système pollueur-payeur, qui pourrait générer des millions pour le pays.
« La RDC a toujours été pays-solution en matière de lutte contre le changement climatique sur le plan international. Le pays a signé des conventions, là j’ai fait directement allusion à la convention cadre sur la biodiversité de Camping Montréal que la RDC et d’autres pays signataires sont appelés à respecter pour pouvoir conserver les terres. Il faudrait que la RDC pense à valoriser le potentiel forestier qu’elle possède. Le pays a des tourbières qu’il doit cartographier pour le mettre en valeur. Aujourd’hui, nous avons le système pollueur-payeur. Grâce à ce système, la RDC peut générer plusieurs millions de dollars américains. », a-t-elle déclaré.
Emmanuel Musuyu, secrétaire exécutif de la CORAP, a critiqué le modèle économique actuel qui enrichit les promoteurs au détriment des populations locales.
« Les minerais ont contribué pendant plusieurs années à l’économie congolaise mais la grande question, c’est se savoir quel impact finalement? On peut contribuer d’une manière ou d’une autre mais on nous a parlé de notre PIB qui est faible, on est tous conscients de cela. Les minerais qui sont exploités, aujourd’hui on parle de la transition énergétique, le cobalt, le cuivre, le lithium et autres qui sont exploités dans le grand Katanga et dans d’autres provinces apportent quoi pour les communautés locales? Ces communautés sont très pauvres. Ces communautés vivent les impacts de cette exploitation. Que ce soit sur la santé, sur l’environnement, sur le plan social, économique. », a souligné Emmanuel Musuyu.
Le secrétaire exécutif de la CORAP a indiqué que l’exploitation minière et pétrolière contribue à la pauvreté et aux violations des droits humains.
« Est-ce qu’il faut qu’on continue avec ce même modèle économique qui appauvrit les communautés et qui enrichit n’est-ce pas les promoteurs de ces projets? Je pense qu’il est temps qu’on arrive à changer le paradigme. », a dit Emmanuel Musuyu.
S’agissant de la campagne « Notre terre sans pétrole », Emmanuel Musuyu a noté que cette campagne, au-delà des aspects économiques, voit plutôt des aspects liés à la préservation de l’environnement.
« La campagne Notre terre sans pétrole c’est une campagne qui, au-delà même des aspects économiques, voit aussi des aspects irréversibles notamment sur l’environnement et sur la biodiversité de plus en plus difficile à gérer. Maintenant avec tout le désordre, avec tout ce problème de gouvernance que nous connaissons, avec toutes les irrégularités qui sont déjà constatées n’est-ce pas dans le processus qui était lancé, avec toutes ces violations de loi, avec toutes ces violations du droit des communautés locales où est-ce qu’on veut aller avec cette exploitation? Nous estimons que si on avance de cette façon, il y a plutôt des risques que des avantages que le pays pourra gagner. », a-t-il fustigé.
Les intervenants appellent à une transition vers des énergies renouvelables, comme l’hydroélectricité et le solaire, pour garantir un avenir durable.
La campagne vise également à sensibiliser sur les impacts globaux de l’exploitation pétrolière, soulignant que les conséquences ne se limitent pas à la RDC mais touchent d’autres pays.
Les organisations mobilisées espèrent que cette initiative incitera le Gouvernement congolais à reconsidérer ses priorités en matière d’exploitation des ressources naturelles. Les appels d’offres pour l’exploitation pétrolière dans des zones sensibles continuent d’inquiéter les défenseurs de l’environnement, qui craignent des dommages irréversibles.
La campagne « Notre terre sans pétrole » représente une voix collective pour les communautés affectées, appelant à un développement respectueux de l’environnement et des droits humains. Les leaders communautaires insistent sur l’importance d’écouter les préoccupations locales avant de prendre des décisions concernant l’exploitation des ressources naturelles.
Mitterrand MASAMUNA