a la une
Albert Yuma : « Pour 4 partenariats déjà audités, c’est plus de 2 milliards USD des pertes… »

Le Président du Conseil d’Administration de la Gécamines, Albert Yuma Mulimbi vient de donner, ce mardi 06 Février 2018, une conférence de presse au stand « moderne » érigé à Indaba Mining dont les activités se déroulent au Cape Town en Afrique du Sud. Il a révélé la hauteur provisoire de pertes de l’Etat et de la Gécamines générées par les contrats de partenariats « déséquilibrés ». Les raisons de la renégociation, la procédure de son exécution, les grandes dates de cette démarche, la double casquette du Président de la Gécamines et Président de la FEC par rapport à cette prise de position, … Albert Yuma a répondu « sans ambages ». En primeur, Zoom Eco vous propose, ci – dessous, le compte – rendu.
Pourquoi avoir abordé une question qui aurait pu se traiter à Kinshasa en RDC. Pourquoi avoir choisi ce cadre pour parler de la révisitation des contrats de partenariats de la Gécamines ?
Vous pensez que toutes ces années où Gécamines n’est pas venu à Indaba, c’est parce qu’elle n’avait pas envie de venir ? C’est parce qu’elle n’était pas prête avec les informations qu’elle cherchait depuis 3 ans pour justifier son mécontentement d’être dans des partenariats qui ne donnent aucun revenu à la société. Mais chaque année, vous vous venez à Indaba pour écouter les autres parler de leurs productions de cuivre et de cobalt en oubliant de citer ce cuivre et ce cobalt ont été amenés en partenariat par la Gécamines.
C’est pour cela qu’il était important qu’on vienne nous enfin, parler pour nous même ici. C’est pour ça que nous sommes venus ici. Mais rassurez-vous que les négociations se feront à Kinshasa. Et J’ai eu les demandes de rendez-vous de tous les partenaires. J’ai refusé de les recevoir ici. Je leur ai dit : on va se verra chez nous pour qu’en début Avril toutes les revus des partenariats seront terminé et on vous appellera un à un pour parler.
Nous sommes en processus de révision du Code minier qui est en cours. Pourquoi vos nombreux désidératas ne pouvaient pas être inclus dans la révision du code minier pour faire une fois cette révision des contrats de la Gécamines ?
Le Code Minier ne concerne pas seulement la Gécamines. Le code minier concerne le secteur minier congolais. Ne donnez pas trop d’importance à la Gécamines. Le Code minier n’était pas fait pour la Gécamines. Il est fait pour le peuple congolais. La Gécamines a des partenariats qu’elle gère. Elle est libre et elle a le droit contractuel de réviser ses partenariats. C’est une coïncidence absolue que les résultats des audits arrivent au moment de la Révision du Code Minier. Ça n’a rien avoir !
Vous avez dit que les investisseurs étrangers faisaient de gros bénéfices qui ne profitaient pas à l’Etat et vous vous devez mettre fin à ce scandale. Vous avez été trop poignant dans vos propos. Il y a eu de murmures dans la salle. Peut-on dire que la Gécamines s’en va en guerre contre ses partenaires ?
Non, ce n’est pas une guerre. C’est tout simplement le rétablissement des équilibres et de la justice. Nous voulons tout simplement que celui qui a apporté les minerais, celui qui vous permet d’effectuer de faire de bénéfices en bourses pour certaines une augmentation de plus de 1200% par année accepte quand même de partager un peu avec la Gécamines.
Alors les gens peuvent s’inquiéter. Je vous l’ai dit hier, ça ne fait ni chaud ni froid. Nous avons pris le temps de recruter des cabinets de chez eux qui ont fait un travail de fond et nous sommes à l’aise pour aller réclamer nos droits.

Vue du déroulement de la conférence de presse sur le toit du stand de la Gécamines à Indaba Mining 2018. Ph. @erictshikuma
La Gécamines se plaint qu’elle n’a pas d’argent. Mais elle a érigé l’un des grands stands ici à Indaba. N’est pas une dépense de prestige?
Il faut savoir où on veut aller. Il faut qu’on nous respecte. Et nous avions besoin de communiquer. Quand vous voulez voir l’avenir, il ne faut pas qu’on vous mette toujours dans la cuisine. Vous allez être avec tous les autres au salon et à la salle à manger. L’argent de la Gécamines est pris par les partenaires. C’est ça la réalité !
Et aujourd’hui, c’est n’est pas le stand qui fait la différence. Ce sont les milliards de dollars qu’on nous a volés.
« On ne peut pas fabriquer les batteries avec les dollars mais avec le cobalt », vous l’avez dit. Mais sans dollars, il n’y a pas non plus de cobalt …
Non, ne renversez pas l’équation. Vous pouvez avoir des milliards de dollars. Vous pouvez aller dans le monde entier. Mais vous êtes obligé de revenir au Congo pour trouver la matière première. La vérité ou bien le paradigme aujourd’hui, c’est le cobalt. Ceux qui sont mécontents aujourd’hui peuvent partir. Je suis tranquille, les autres viendront parce qu’ils ont besoin de ce cobalt.
En 2006, il y avait déjà une révisitation des contrats miniers et elle s’est terminée en queue de poisson. Vous pensez que celle de la Gécamines va se solder par un succès ?
En 2006, heureusement ou malheureusement, je n’étais pas là. Donc, je ne sais pas ce qui s’est passé ni comment ça s’est passé. Quand on a fait la révisitation, je ne sais pas si on avait les données chiffrées que nous avons aujourd’hui. Nous avons de données incontestables qui nous permettent d’aller à la table de négociation, je ne pense pas, en position de position de faiblesse.
Comment allez-vous procéder à cette révision dans ce contexte d’attente de la promulgation du Code Minier Révisé et quel en est le deadline ?
Moi, j’ai fait des audits qui ont commencé depuis 3 ans. Ca n’avait rien avoir avec la révision du code minier. Et je suis en train de vous parler de renégociation qui sera appuyées par des conseils juridiques et financiers qui nous donnent des arguments pour notre renégociation. Ne me mêlez pas avec la révision du Code Minier. D’ici mi-Mars, les résultats des 17 JV seront remis à la Gécamines. Et à partir du 2 Avril, nous allons appeler nos partenaires pour nous mettre autour de la table.
En termes de chiffres, quelle est la hauteur du manque à gagner occasionné par ces contrats déséquilibrés et quels seront les bénéfices à générer une après leur rééquilibrage ?
A date, rien que pour les 4 partenariats dont les audits sont terminés, c’est au-delà de 2 milliards USD des pertes pour l’Etat et la Gécamines. N’oublions jamais que la Gécamines n’est que l’entreprise de l’Etat congolais. Nous allons terminer le 17 audits. Et à ce moment-là, on vous dira les chiffres exacts.
Est – ce que vous avez le soutien du gouvernement congolais, puisqu’apparemment vous faite cavalier solitaire ?
La Gécamines appartient à l’Etat congolais.
#RDC #MiningIndaba2018
Au sujet de la dépense de prestige du stand de la @Gecamines…
Albert Yuma : «Quand vous voulez voir l'avenir, il ne faut pas qu'on vous mette toujours dans la cuisine. Vous allez être avec tous les autres au salon et à la salle à manger…» pic.twitter.com/rR7pPKVrSq— Zoom Eco (@Zoom_eco) February 6, 2018
Quand le président de la Gécamines et Président de la FEC s’attaque à des entreprises, va – t – il démissionner ou continuer à l’être ?
Le Président de la FEC a été élu et réélu 5 fois. S’ils ne veulent pas me réélire, il n’y a pas de problème. L’Assemblée Générale a lieu au mois de Mai. Je n’ai jamais été candidat à l’élection à la FEC.
Ne courez-vous pas le risque de faire fuir les investisseurs miniers avec cette révisitation des contrats ?
Nous sommes ensemble dans ce pays. Attendons savoir quel est le premier qui va partir.
En dehors des mines, est – ce vous pensez aussi aux missions sociétales de ces sociétés ?
A ce stade, Gécamines s’est plainte. Et je pense au final et derrière lui, son actionnaire. Le secteur minier n’est qu’un passage pour investir l’argent dans des activités de développement de ce pays. Si nous ne tirons pas profit, aujourd’hui, des revenus du secteur minier pour investir dans l’agriculture, dans les infrastructures, dans l’éducation, et dans les soins de santé, … on n’aura pas fait œuvre utile pour des générations futures. [Fin de la 1ère partie].
Eric TSHIKUMA | Zoom Eco
A RE(LIRE) :