Développement
La Corruption concerne plus de 2/3 des économies mondiales, selon Transparency International
Dans son classement 2014 publié mercredi 3 décembre 2014 à son siège berlinois, Transparency International affirme que la corruption est un phénomène qui concerne toutes les économies. « Plus des deux tiers » des pays étudiés atteignent d’ailleurs un score inférieur à 50. Le résultat moyen étant de 43. Le classement se fait sur l’échelle de 0 à 100, du plus corrompu au plus vertueux. Le Soudan, la Corée du Nord et la Somalie occupent les dernières places alors que le Danemark, la Nouvelle-Zélande et la Finlande occupent le haut de ce classement 2014.
La RDC occupe la 154ème place sur 174 pays sur ce classement. Elle occupait la même position l’année passée. En ce qui la concerne, il n’y a pas eu de grands changements depuis l’année passée. A en croire l’analyse de Lucas Olo Fernandez, coordonnateur régional Afrique centrale de Transparency International, « l’année passée, il y avait eu un petit développement positif mais maintenant ce que l’indice montre cette année est que la RDC reste dans la même position». Selon lui, les problèmes de corruption en RDC sont liés aux affaires des industries extractives et des travaux publics. Lucas Olo Fernandez invite le gouvernement congolais à faire plus d’efforts en termes de transparence dans ces secteurs pour montrer des vrais changements au pays.
Pays émergents concernés
L’accent est mis cette année sur les difficultés de certains pays émergents, à lutter contre la corruption. La Chine par exemple, 100ème sur un total de 178 pays, chute de quatre points (à 36 points) et de 20 places par rapport à 2013, tandis que la Turquie, 64e du classement, perd de son côté cinq points (45 points) et onze places. Concernant la Chine, Transparency relève que si « plusieurs politiciens de haut niveau et certains responsables publics de rang mineur ont été arrêtés pour corruption, (…) la manière dont les gens sont poursuivis devrait être plus transparente ». « La Chine (…) doit fournir un meilleur accès à l’information et créer des protections plus grandes pour les dénonciateurs qu’elle ne l’a fait jusqu’à présent dans sa législation », déclare le rapport. Pékin a immédiatement rejeté ces critiques, jugeant la baisse de la Chine dans le classement “incohérente” compte tenu des mesures anticorruption adoptées dans le pays.
Pour la Turquie, Transparency souligne que « la perception générale de la corruption” dans le pays a “considérablement augmenté », notamment en raison « d’une série d’investigations et d’inculpations pour corruption visant des personnes proches du gouvernement ». Le fait que des « journalistes critiques envers le régime » ont été « persécutés » et « arrêtés » a contribué à détériorer l’image du pays.
Culture de l’impunité’
La corruption est également un problème important dans d’autres économies émergentes, poursuit le rapport, qui cite le Brésil (69e, 43 points) et les soupçons pesant sur la corruption de son personnel politique par les compagnies pétrolières. L’Inde (85e, 38 points) est également pointée du doigt par Transparency qui y dénonce le recours à des comptes bancaires installés dans des paradis fiscaux comme l’Ile Maurice. Les investissements de riches citoyens russes à Chypre attirent aussi l’attention de l’organisation, qui place leur pays à une modeste 136e place (27 points).
« Les économies à croissance rapide dont les gouvernements refusent d’être transparents (…) créent une culture de l’impunité dans laquelle la corruption prospère », a souligné José Ugaz, juriste et président de Transparency International. Mais « sur le long terme, il n’y a aucun pays avec une croissance économique solide ayant en même temps un haut niveau de corruption », a estimé Finn Heinrich, un des auteurs du rapport Transparency, lors d’une conférence de presse à Berlin.
Précautions
A cet égard, l’ONG insiste sur le nécessaire travail que doivent faire les « grands centres financiers dans l’Union européenne et aux Etats-Unis ». Transparency International estime que les multinationales du secteur bancaire et les grandes places financières pourraient faire plus pour éviter que certaines élites douteuses dans les pays émergents ne trouvent avec leur aide tacite les moyens de blanchir leur argent mal acquis. « Presque tous les scandales bancaires liés au blanchiment ne se produisent plus seulement dans de petites îles qui sont des paradis fiscaux mais concernent également des fonds douteux, corrompus qui atterrissent dans des lieux comme Londres, New York ou Francfort », souligne ainsi Robin Hodess, directeur de recherche chez Transparency.
L’organisation souligne cependant qu’il est difficile de mesurer exactement le degré de corruption puisque cette dernière est illégale et dissimulée. Pour établir son indice, Transparency rassemble des avis d’experts au sein d’organisations telles que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Fondation allemande Bertelsmann… (AFP/RO/ZOOM)