Finance
RDC : l’AFD investit 10 millions d’euros pour transformer l’agriculture dans la province de la Tshopo

Dans la province de la Tshopo, en République Démocratique du Congo, le Projet d’appui à la Gouvernance, l’Insertion et la Formation agricole et rurale (GIFT), financé à hauteur de 10 millions d’euros par l’Agence Française de Développement (AFD) et exécuté par ENABEL, a démontré tout son impact dans cette province à vocation agricole.
Lancé en mars 2022, ce projet vise à transformer le secteur de la formation agricole en intégrant des pratiques durables et inclusives.
A travers ce projet, les enseignants des écoles agricoles bénéficient des formations axées sur les compétences pratiques, permettant aux élèves d’acquérir un savoir-faire concret pour leur insertion professionnelle.
D’après le préfet de l’Institut agricole de Simi Simi, Esakalonga Etokala Joseph, le projet GIFT a permis de renforcer les compétences des enseignants avec de nouvelles techniques d’agriculture mettant en avant la pratique professionnelle.
« Le projet GIFT intervient sur plusieurs points. D’abord, nous voyons le renforcement des capacités des enseignants pour amener des bonnes pratiques agricoles au niveau de l’école parce que nous avons deux options : agronomique et vétérinaire. Partant de ces deux options, il y a d’abord le renforcement des capacités des enseignants qui est très capital pour transformer ces enfants. L’objectif est qu’après la formation de l’enfant, qu’il soit en mesure de se faire valoir sur le marché de l’emploi. Nous avons également reçu quelques matériels dans les pratiques agricoles. Nous avons également un laboratoire informatique pour amener les enfants dans les exercices à travers différents cours et d’autres recherches sur les bibliothèques numériques. Ce projet nous a aussi appuyé avec l’énergie, avec l’installation d’un DEV qui nous a permis de lancer nos activités informatiques qui sont génératrices des recettes pour l’école. Nous avons des personnes qui peuvent témoigner sur le résultat de la formation que nous élèves reçoivent. Ce qui fait qu’on a des élèves qui peuvent déjà faire le maraîchage agricole pour se faire de l’argent. C’est déjà une compétence requise pour la formation d’un agronome. À travers cette formation de renforcement de capacités, nous avons réussi des notions pour favoriser plus la pratique aux élèves en lieu et place de des théories. C’est ainsi que vous allez voir, au niveau de l’école, nous sommes en train de faire des activités agricoles un peu partout pour amener les élèves à palper la réalité. », a-t-il dit.
Loungu Lokinda Eli, enseignant à l’institut agricole de Simi Simi, a souligné l’importance des techniques d’agroforesterie apprises dans le cadre du projet. D’après lui, cela favorise une agriculture durable sans épuiser les ressources du sol.
« Nous avons reçu une nouvelle technique de l’agriculture durable qu’on ne faisait pas avant. À partir du projet GIFT, nous avons appris les techniques sur comment conserver le sol tout en exploitant. Nous avons appris à faire la culture avec des arbres. Cette technique on appelle ça agroforesterie : c’est une technique qui nous permet de faire notre culture sans épuiser le sol. Ils nous ont également appris comment améliorer le sol non pas avec des composantes chimiques mais avec des produits organiques. Avec cette formation, l’apprenant sait que lorsqu’on fait la déforestation, il faut ensuite reboiser. les apprenants savent que le reboisement reconstitue le sol. Ils ont également reçu des acquis pour préserver notre environnement. », a-t-il révélé.
Le projet GIFT s’articule autour de quatre résultats principaux : améliorer la gouvernance des instituts de formation, garantir une éducation de qualité, faciliter l’insertion professionnelle des apprenants, et développer des services adaptés aux besoins locaux.
Quatre instituts techniques agricoles sont impliqués, dont l’Institut Technique Agricole de Simi Simi.
Ntema Prosper, Coordonnateur provincial d’ENABEL, insiste sur l’importance de la diffusion des connaissances acquises dans les communautés rurales.
Le projet GIFT ne se limite pas à la formation des élèves ; il vise également à renforcer le développement socio-économique local.
Il vise aussi l’épanouissement de la communauté.
En milieu rural, les pratiques agricoles qui sont apprises à l’école sont diffusées dans la communauté pour que les communautés puissent profiter du projet GIFT.
Le projet GIFT vise 4 résultats. Le premier concerne tout ce qui a trait à la gouvernance du secteur de la formation agricole et rural. On y travaille avec pas mal de partenaires qui sont en appui avec nous pour que ce réseau de formation agricole puisse être quelque chose de réel au niveau de l’ensemble du système de formation en RDC.
Le réseau FAR intègre toutes les écoles agricoles en Afrique et au monde.
Grâce au projet GIFT, la RDC a intégré ce réseau. Ce qui est une très bonne chose.
Le résultat deux c’est tout ce qu’il y a trait à la qualité. La qualité va de la capacitation des enseignants jusqu’à la dimension de la pratique.
« Grâce à une collaboration que nous avons avec l’Institut européen de la coopération et du développement, les enseignants sont appuyés. Vous avez vu que les professeurs ne vous parlent que de la pratique. La qualité aussi intègre les équipements. Le projet a pour but d’équiper les écoles en matériels de qualité de façon que quand ces élèves terminent, il y a vraiment une adéquation entre le formé et ce dont on demande. Aujourd’hui, en RDC on attend plus les gens qui vont aller chercher l’emploi quelque part après les études mais le pays encourage l’entrepreneuriat des jeunes. Donc tous ceux qui sont très pratiques et arrivent déjà à développer un comportement d’entrepreneur, ils sont accompagnés. Une autre dimension toujours de la qualité, c’est la qualité de l’ensemble du réseau interne avec deux niveaux. Au niveau du secondaire, avec des ITA et le niveau supérieur qui est l’Institut facultaire agronomique que nous appuyons aussi à travers ce programme. C’est vraiment dans le but d’avoir l’ensemble de tout le système remonté en qualité pour permettre à avoir des jeunes qui sortent de ce système avec un esprit d’entrepreneuriat, un esprit pratique avec une qualité bien déterminée. », a-t-il déclaré.
Il a par ailleurs précisé que ce projet est entièrement financé par le France à hauteur de 10 millions d’euros via l’agence Française de Développement (AFD).
Un témoignage poignant d’un parent d’élèves
Des témoignages de parents d’élèves comme Augustin Toiliyebotanga mettent en lumière l’impact positif du projet sur les familles.
Selon lui, ses enfants ont amélioré leurs compétences agricoles et cela a changé leur situation financière.
Grâce aux nouvelles techniques apprises à l’école et les semences fournies par l’école, il a pu cultiver, avec ses deux enfants, des concombres pour payer d’abord la participation des enfants à l’examen d’État et ensuite financer les études universitaires de ces derniers.
« Comparativement aux deux premières années où nous utilisions la méthode ordinaire, j’ai vu un changement dans le chef de mes enfants et de notre foyer. J’ai 12 ans de service en tant que fonctionnaire de l’État sans être payé. J’ai une parcelle de 40 mètres sur 25 mètres et les voisins qui ont aussi des parcelles à côté de la nôtre, qui n’ont pas encore aménagé, nous avons capitalisé les 4 parcelles qui entourent la nôtre. J’ai dit à mes enfants, vous faites l’école technique. Chaque jour lorsque vous quittez l’école, nous devons pratiquer ensemble tout ce que vous apprenez là-bas. Je suis venu à l’école demander quelques semences et l’école m’a donné des semences de concombres. Nous avons fait le champ de concombres avec mes deux enfants finalistes. Au moment de la récolte, je vendais sans rien dire aux enfants. Mais je faisais une petite épargne avec les revenus de la vente de concombres. Et à la fin de l’année scolaire, j’ai ouvert la caisse et j’ai remis à l’enfant 150 USD pour payer les frais de participation à la dissertation et la session ordinaire. C’est le fruit de votre pratique. Avec cet argent, j’ai payé la première tranche à l’université pour qu’il puisse commencer. Nous avons été étonnés par la qualité et la quantité de la production. J’étais contaminé par mes enfants et même mes voisins sont contaminés. Mes enfants m’ont appris à faire des plates bandes et des écartements. », a-t-il déclaré.
Le projet inclut une approche transversale pour réduire les inégalités entre les sexes.
En intégrant des pratiques agricoles durables dans tous les aspects du programme, GIFT aspire à créer un environnement propice à l’épanouissement des jeunes et au développement rural.
Firas Ben Ltaief, responsable de projet chez ENABEL Tshopo, a expliqué que le programme d’incubation pour les jeunes agriculteurs est essentiel pour encourager l’entrepreneuriat.
Les stages et le soutien au développement de plans d’affaires sont au cœur de cette initiative.
« En ce qui concerne notre stratégie d’insertion des jeunes, le premier volet de notre intervention c’est le stage. Le deuxième volet sur lequel nous travaillons c’est le volet entrepreneurial par excellence à travers l’incubation, le programme d’incubation des jeunes dans l’agriculture nous le faisons en partenariat avec le Cifor, à travers la mise en place des programmes d’incubation spécialisés agricoles à travers lesquels nous accompagnons les apprenants pour le volet pratique, dans le développement des idées et le développement des business plan jusqu’à la concrétisation de l’idée en activité génératrice des revenus ou à un projet à part entière. Ce sont les deux volets sur lesquels nous intervenons en ce qui concerne l’insertion. », a-t-il soutenu.
Le projet GIFT marque une avancée significative pour la province agricole de la Tshopo.
En alliant formations technique et pratique durables, il prépare les jeunes à relever les défis agricoles contemporains tout en contribuant au bien-être des communautés locales.
Mitterrand MASAMUNA depuis Kisangani