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RDC : Tshisekedi, l’opposant mythique aux régimes mobutien et kabilistes !

[BIO] – Etienne Tshisekedi, que d’aucuns appelaient affectueusement «Ya Tshitshi», le père de la démocratie, le sphinx de Limete, était un grand rassembleur. Un opposant mythique et historique. Mais qui était-il ? Quel a été son parcours politique et son impact sur la RDC ?
Étienne Tshisekedi wa Mulumba, est né à Kananga le 14 décembre 1932, alors Luluabourg au Congo belge. Il est le premier diplômé en Droit du pays. Déjà en 1960, il est membre du collège des Commissaires généraux, gouvernement provisoire mis en place par Joseph-Désiré Mobutu après un coup d’État, en tant qu’adjoint du commissaire à la Justice, Marcel Lihau.
Une vie, une lutte politique
Tshisekedi était d’abord proche de l’ancien président Mobutu entre 1960 et 1965. Ensuite, il s’est opposé au régime dictatorial de Mobutu en 1980, lorsque celui-ci s’est fragilisé après les guerres du Shaba (province du Katanga démembré).
En 1982, Tshisekedi est initiateur et l’un des fondateurs de l’UDPS. Avec l’avènement de la transition démocratique, il va occuper successivement le poste du premier ministre du Zaïre du 29 septembre au 1er octobre 1991, du 15 août 1992 au 18 mars 1993 et du 02 au 09 avril 1997.
L’avènement de l’AFDL avec Mzee Laurent Désiré Kabila en mai 1997 ne l’empêchera pas poursuivre sa lutte pour la démocratie. Pour avoir enfreint la décision du tombeur de Mobutu relative à l’interdiction des activités des partis politiques, Etienne Tshisekedi écopera, en 1998, une sanction autoritaire du nouveau président de la République. Ce sera sa relégation dans son village natal à Kabeya Kamwanga avec du matériel et de semences afin d’entreprendre l’agriculture. Pratique qui s’est inscrite dans la continuité de celles de Mobutu.
À l’issue de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), Étienne Tshisekedi, qui a toujours prôné le combat politique non-violent, refuse de participer au gouvernement de transition et campe, depuis lors, dans son rôle de l’irréductible opposant. Conséquence : boycott du référendum constitutionnel de 2005 et des élections de 2006.
De quoi comprendre que son opposition ne s’est arrêtée aux pratiques décriées de Mobutu. Elle s’est étendue à celles du régime de Kabila père et fils.
Le 23 décembre 2011, à l’issue de l’élection présidentielle, Tshisekedi qui est arrivé deuxième, revendique la victoire, et s’autoproclame président de la République jusqu’à prêter serment depuis sa résidence de Limete à Kinshasa.
La maladie eut raison de ce grand homme politique. En juillet 2014, Tshisekedi quitte la RDC pour la Belgique pour de problèmes de santé. Son exil médico-politique prend fin en 2016 et il est accueilli triomphalement par le peuple à Kinshasa.
C’est la veille des élections. Des tractations politiques s’enchaînent contre un second mandat de Joseph Kabila.
Avec l’échec de pré-négociations avec le camp présidentiel, Tshisekedi refusera de participer en septembre 2016 au dialogue national. Il a fallu que les évêques catholiques congolais prennent la main pour qu’il accepte finalement de participer aux pourparlers directs avec le régime de Kinshasa.
La conclusion de l’accord politique de la Saint Sylvestre consacre la désignation d’Etienne Tshisekedi comme président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), chargé notamment de surveiller le bon déroulement du processus électoral en cours. Car, la présidentielle de 2016 a été reportée.
Le patriarche Tshisekedi meurt le 1er février 2017 d’une embolie pulmonaire, sans avoir été investi dans ses dernières fonctions.
Deux ans après sa mort, des obsèques dignes de son rang lui sont organisés. Des congolais gardent de lui le souvenir de celui qui a longtemps lutté pour la démocratie en RDC.
Son âme peut enfin se reposer en paix !
Nadine FULA