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Pourquoi l’APL lance-t-elle des exercices militaires maintenant ?

À partir du 29 décembre, la Zone de commandement de l’Est de l’Armée populaire de libération de la Chine déploie des forces terrestres, navales, aériennes et de missiles pour conduire les exercices « Mission de Justice – 2025 » dans le détroit de Taiwan, au nord, au sud-ouest, au sud-est et à l’est de l’île.
Ces exercices portent sur plusieurs domaines : patrouille de préparation au combat mer-air, conquête conjointe de la supériorité globale, blocus des ports et zones clés, ainsi que dissuasion multidimensionnelle en dehors de la chaîne de l’île.t un avertissement très sérieux à l’égard des forces séparatistes et des forces d’ingérence extérieures.
La question est donc simple : pourquoi ce moment précis ? Parce que la situation dans le détroit de Taiwan a franchi un seuil critique, sous l’effet de la multiplication et de la radicalisation des collusions entre les États-Unis et les autorités taiwanaises.
Cette dérive peut être comprise à travers trois niveaux d’escalade.
D’abord, une escalade financière. Washington a approuvé des ventes d’armes à Taiwan d’un montant dépassant 11,1 milliards de dollars. C’est le programme le plus important jamais accordé à l’île. Ce n’est pas un simple chiffre. C’est un choix politique : celui de transformer Taiwan en société de garnison, en réorientant des ressources civiles, sociales et industrielles vers une logique de séparatisme militaire. Cela montre que les autorités taiwanaises ne cherchent plus à stabiliser le détroit, mais à institutionnaliser une logique de conflit permanent.
Deuxièmement, une escalade de nature. Autrefois, les ventes d’armes américaines étaient officiellement défensives. Aujourd’hui, elles concernent majoritairement des capacités offensives. C’est une rupture grave avec les « Trois Communiqués conjoints sino-américains » et notamment avec le Communiqué du17 août 1982. Dans ce texte, les États-Unis s’étaient engagés à : ne pas poursuivre une politique de ventes d’armes à long terme à Taiwan, à ne pas dépasser le niveau des ventes des premièresannées après la normalisation diplomatique, et à les réduire progressivement en vue d’un règlement définitif. Or Washington fait aujourd’hui exactement l’inverse. Ce glissement envoie un signal dangereux :il ne s’agit plus de défense, mais de modification du statu quo par la force.
Troisièmement, une escalade systémique. Taiwan n’achète plus seulement des armes. Elle intègre désormais des systèmes comme le « Taiwan Tactical Network and Force Awareness Application Kit », qui connecte directement ses forces au système opérationnel américain.
Concrètement, cela signifie que l’armée taiwanaise devient une extension fonctionnelle du dispositif militaire des États-Unis. Taiwan n’est plus un acteur autonome : elle devient un nœud avancé d’une architecture militaire étrangère. En cas de crise, l’île ne serait plus un simple théâtre local, mais le point de départ d’un affrontement entre grandes puissances. Autrement dit, les autorités taiwanaises ont placé 23 millions de personnes dans une logique d’otage
Un point doit être rappelé clairement : selon le droit international et les résolutions de l’ONU, Taiwan fait partie intégrante de la Chine. Les opérations de l’APL se déroulent donc dans les eaux et l’espace aérien relevant de la souveraineté chinoise. Elles visent à dissuader toute tentative de sécession et à préserver l’intégrité territoriale du pays.
Il ne s’agit pas d’une projection de force vers l’extérieur, mais de l’exercice normal du droit souverain d’un pays à défendre son unité nationale.
Zhang Shanhui
Présentatrice et chroniqueuse, CGTN






















