Quand la Chine utilise les règles de l’OMC pour répondre à l’offensive commerciale de l’UE

Le ministère chinois du Commerce a annoncé le 22 décembre 2025 les conclusions préliminaires de son enquête anti-subventions sur certains produits laitiers importés en provenance de l’Union européenne. Il a été décidé qu’à compter du 23 décembre 2025, des mesures anti-subventions provisoires seraient mises en place sous la forme de dépôts de garantie correspondant aux droits compensateurs sur les importations concernées en provenance de l’UE. Selon le ministère du Commerce de Chine, les éléments de preuve recueillis à ce stade indiquent que les produits laitiers importés de l’Union européenne bénéficient de subventions, que l’industrie laitière chinoise concernée a subi un préjudice substantiel, et qu’il existe un lien de causalité entre ces subventions et le préjudice constaté.

La décision de la Chine d’ouvrir une enquête anti-subventions sur les produits laitiers européens n’est pas un simple épisode commercial. Elle marque un tournant stratégique dans les relations économiques sino-européennes.

Depuis plusieurs années, l’Union européenne a construit sa politique vis-à-vis de la Chine autour d’un récit central : la lutte contre les « subventions déloyales ». Ce narratif a servi de base aux enquêtes et aux surtaxes imposées aux véhicules électriques chinois, aux batteries et à d’autres secteurs industriels clés.

Aujourd’hui, la Chine utilise exactement le même langage juridique — celui de l’OMC — pour répondre. En visant les produits agricoles européens, hautement subventionnés et politiquement sensibles, la Chine envoie un message clair : si l’Union Européenne choisit la confrontation par les règles, elle doit accepter que ces règles s’appliquent aussi à elle.

Dans un ordre commercial mondial fondé sur des règles, la réciprocité doit prévaloir. Face à un monde où les États-Unis prônent le découplage, l’UE est confrontée à un choix déterminant — poursuivre sur la voie du protectionnisme sectoriel, au risque d’une escalade des tensions, ou œuvrer à une relation équilibrée avec la Chine, capable de conjuguer concurrence loyale et coopération nécessaire. L’issue de cette séquence commerciale révélera, bien au-delà des produits laitiers, la capacité de l’Europe à définir une autonomie stratégique cohérente et à choisir entre la confrontation stérile et une gestion responsable des interdépendances.

Zhang Shanhui 

Présentatrice et chroniqueuse, CGTN