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Bob David Nzoimbengene : « avec une note BBCM inférieure a 25%, la RDC ne dispose d’aucune grande banque »
La République Démocratique du Congo (RDC), un vaste territoire de 2,345 millions Km², ne dispose pas d’une grande banque, selon l’analyse scientifique du professeur Bob Divid Nzoimbengene Luyindula.
Dans son ouvrage intitulé « Banques : gouvernance et gestion prudentielle », publié aux éditions L’Harmattan et porté sur les fonts baptismaux le jeudi 20 juin 2024 à Kinshasa, le professeur Bob Divid Nzoimbengene Luyindula a indiqué que toutes les banques de la RDC ont la note BBCM inférieure à 25%.
Cette notation envoie toutes les banques œuvrant en RDC dans la catégorie de « moyennes banques » et de « très petites banques ».
« Je ne suis pas fier de le dire mais comme on dit, un scientifique doit dire la vérité. Je suis parti d’une observation, comme je l’ai dit pendant la cérémonie pour dire qu’on pouvait pas se permettre de dire qu’on a des grandes banques pendant que notre ratio crédit sur le PIB est de loin inférieur à la moyenne mondiale et même de loin inférieur à celle en fait de de l’Afrique subsaharienne. Donc partant de ces constats je me suis dit qu’il fallait mettre un outil scientifique quantitatif assez soutenu du point de vue scientifique pour en fait classifier et catégoriser les banques. », a déclaré le professeur Bob Divid Nzoimbengene.
Compte tenu du rôle que les banques sont appelées à jouer dans le développement d’une économique de la RDC, l’auteur note à l’entame de son livre, qu’elles sont censées mettre en place une organisation et une gouvernance efficaces, adaptées et adéquates à leurs activités et à leurs mission.
Pour asseoir son argumentaire, ce docteur en business administration et expert comptable, Bob David Nzoimbengene s’est appesanti sur trois facteurs dont notamment le ratio crédits/PIB, la capacité à financer les industries et le total bilan.
« Partant de cet outil avec 3 facteurs retenus dont notamment le ratio crédit/PIB, la capacité à financer les industries et le total bilan. Partant de ces constats, on s’est rendu compte qu’il n’y a aucune banque de la République Démocratique du Congo qui dépasse la note de 25%. La toute première banque de la RDC a à peine 0,52, ce qui correspond en fait à une banque moyenne et il y a une petite banque qui a la note de d’environ 0.47 et les autres banques sont plutôt de très petites banques parce que leur notation est inférieure à 25%. Je crois qu’aujourd’hui quand on parle de la banque tout le monde sait que le secteur bancaire ou les banques ont un rôle capital à jouer au sein d’une économie ou dans un pays. Alors pour que ces banques là jouent pleinement leur rôle il faut mettre en place une bonne gouvernance. Il faut mettre en place une bonne gestion, ce qu’on appelle la gestion prudentielle. », a-t-il affirmé.
Cet ouvrage qui est à sa première édition s’est résolument placé dans cet environnement de la législation et règlementation bancaire, qui sont toutes les deux en perpétuelle mutation.
Par la publication de cet ouvrage qui compte six chapitre et 286 pages, l’auteur estime avoir accompli une des grandes missions d’un scientifique en décelant les faiblesses du système bancaire de la République République Démocratique du Congo.
« Effectivement, c’est un sentiment de joie parce qu’en tant que scientifique nous devons avoir un regard critique sur tout ce que nous observons autour de nous. Donc, c’est de là qu’est parti cet ouvrage et je pense qu’aujourd’hui que j’ai accompli une grande mission en tant qu’expert et en tant que chercheur en mettant à la disposition du public, comme l’on dit les commentateurs, non seulement les banquiers, les chercheurs même l’Autorité de régulation voire ce qui légifère, un ouvrage qui ressort les faiblesses notre système, qui ressort toutes les instructions qui sont d’application en RDC et surtout comme je l’ai souligné lors de mon petit entretien avec le modérateur cérémonie, cet ouvrage nous a permis aujourd’hui d’avoir un outil de catégorisation et de classification des banques et un outil scientifique. », a-t-il dit.
L’auteur indique que cet ouvrage doit être lu et vu comme un livre de référence en matière de gestion des banques.
Pour l’ancien Président de la Chambre haute du parlement congolais, Modeste Bahati Lukwebo, qui a fait la recension de ce livre, cet ouvrage est un outil mis à la disposition des académiciens, des praticiens voire des régulateurs pour catégoriser et classifier les banques en RDC.
Modeste Bahati a également souligné que cet ouvrage révèle la baisse du taux d’intermédiation du système bancaire congolais passant de 61% en 2015 à 36% par le fait que le niveau des dépôts évoluent plus vite que celui des crédits. Une situation qui s’explique notamment par la faible appétence aux risques des banques établies en RDC pour financer l’économie.
Un ancien patron de banque estime par ailleurs que le secteur bancaire de la République Démocratique du Congo a tout de même fait un grand pas en avant.
D’après lui, à la sortie des années 90, le total bilan du secteur bancaire de la République Démocratique du Congo était de moins de 200 millions de dollars.
Le produit intérieur brut de la République Démocratique du Congo est évalué à 55 milliards USD. C’est le 12e en Afrique. Par contre, le produit intérieur brut par habitant est de 529 USD. Le revenu moyen par habitant est encore plus faible.
En 2022, le total du bilan des banques établies en République Démocratique du Congo était de 15,5 milliards USD. En 2008 il était estimé à 1,6 milliard USD.
Ce livre est recommandé aux scientifiques, aux professionnels du secteur bancaire en RDC mais aussi aux régulateurs qui doivent prendre des mesures nécessaires pour améliorer ce secteur.
Bob David Nzoimbengene Luyindula, Docteur (PHD) en Business administration, est expert comptable, Commissaire aux comptes agréé par la Banque Centrale du Congo et mandataire en mines et carrières. Il est également certifié Expert en lutte contre le blanchiment des capitaux et finalement du terrorisme. Il est actuellement Managing partner de Deloitte en RDC et administrateur de Deloitte Afrique Francophone.
Mitterrand MASAMUNA