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RDC : l’ODEP plaide pour la criminalisation des fautes de gestion

Les ordonnateurs politiques politiques tels que les Ministres, les Directeurs Généraux (DG) et Présidents Directeurs Généraux (PDG) devraient être criminalisés pour des fautes de gestion en République Démocratique du Congo (RDC). C’est le point-de-vue soutenu par l’Observatoire de la Dépense publique (ODEP).
Au cours d’une conférence de presse organisée le vendredi 17 mai 2024 à Kinshasa, Florimond Muteba, Président du Conseil d’Administration de l’ODEP, a estimé que cette avancée ne serait possible que si la loi organique de la Cour des comptes est revue.
« Ceux qui commettent le plus des fautes de gestion, ce sont les ordonnateurs tels que Ministres, DG, PDG… L’ODEP a toujours milité pour la revisitation de la LOFIP afin de criminaliser la faute de gestion. C’est un travail que la société civile et les institutions des réformes doivent faire pour y arriver. », a-t-il déclaré.
Pour Florimond Muteba, les sanctions devraient aller jusqu’à bloquer les comptes bancaires des auteurs des irrégularités graves de gestion et leur interdire de sortir du territoire national, sans passer par leurs autorités hiérarchiques.
Structure de la société engagée dans la lutte contre la corruption, l’ODEP a recommandé par ailleurs au Président congolais, Félix Tshisekedi, de doter la Cour des comptes de 5.000 magistrats au minimum d’ici 2028 pour renforcer son pouvoir répressif.
A la même occasion, le Président du Conseil d’Administration de l’ODEP a salué la tenue de la première audience de la Cour des comptes, siégeant en matière de discipline budgétaire et financière, en date du 7 mai 2024.
Pour Florimond Muteba, il s’agit d’un « début historique du contrôle juridictionnel ».
« Je lance un appel au Président de la République pour dire que nous voulons un objectif d’au moins 5.000 magistrats à la Cour des comptes d’ici fin 2028. Dans un pays comme le nôtre, on ne peut pas se permettre qu’il y ait fuite d’argent pendant que les gens meurent. Les congolais meurent tous les jours à l’Est. Cet argent détourné peut aider à bien organiser l’armée. Il faut que l’argent revienne au Trésor public afin d’être affecté aux urgences du pays. Comment mettre fin à la guerre à l’Est de la RDC si on a pas 5 milliards par an pour la guerre ! On a entendu d’un collaborateur de l’ancien régime que le Congo perd plus de 15 milliards USD par an. Quant à moi, j’estime que la RDC perd plus que ça. », a souligné Florimond Muteba.
Florimond a proposé en outre la déconcentration de la Cour des comptes au niveau des provinces.
« Il faut la déconcentration de la Cour des comptes. Il nous faut des nouveaux magistrats pour améliorer le contrôle de nos finances publiques. », a-t-il affirmé.
Renforcement du contrôle citoyen
L’Observatoire de la Dépense publique (ODEP) a aussi encouragé la population congolaise à combattre la corruption sous toutes ses formes.
« Nous demandons à la population congolaise de prendre à bras le corps les questions de la corruption afin d’éradiquer ce fléau dans notre société », a lancé Florimond Muteba.
Ce dernier a indiqué que l’ODEP s’apprête à lancer un numéro vert ainsi qu’une adresse e-mail pour permettre à la population de dénoncer les faits de corruption.
Dans cet élan, a-t-il noté, l’ODEP va implanter des Observatoires locaux en provinces afin d’offrir aux lanceurs d’alertes la possibilité de dénoncer les actes de prédation de deniers publics ou de mauvaise gouvernance.
Patrick BOMBOKA