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Monde : entre 2018 et 2024, plus de 10 entreprises américaines ont franchi le seuil de 1.000 millards USD

Depuis 2007, un nombre restreint d’entreprises à travers le monde ont franchi le cap symbolique de 1.000 milliards de dollars de valorisation boursière.
Si cette performance n’était autrefois réservée qu’aux mastodontes de l’énergie comme PetroChina, elle est aujourd’hui dominée par les géants de la tech américaine.
Cette transition révèle bien plus qu’un simple changement de capitalisation : elle dessine les contours d’un nouvel ordre économique mondial fondé sur la maîtrise de l’innovation, des plateformes numériques et des chaînes de valeur immatérielles.
Une montée en puissance américaine, tirée par la tech
Entre 2018 et 2024, pas moins de dix entreprises américaines ont franchi le seuil des 1 000 milliards, parmi lesquelles Apple, Amazon, Microsoft, Meta, Tesla, Alphabet, NVIDIA, Broadcom et Berkshire Hathaway. Mais seuls trois d’entre eux, Apple (2022), Microsoft et NVIDIA (2024) sont parvenus à intégrer le club très fermé des 3 trillions de dollars. Le cas de NVIDIA est particulièrement révélateur : entrée dans le club du billion en 2023, l’entreprise double sa capitalisation en moins d’un an, portée par l’explosion de la demande en intelligence artificielle et en puces graphiques.
Des géants non américains en retrait
En dehors des États-Unis, seuls quatre acteurs ont franchi le billion : PetroChina (Chine, 2007), Saudi Aramco (Arabie Saoudite, 2019), TSMC (Taïwan, 2024) et les entreprises chinoises à travers l’accord Sicomines (dans un autre registre, lié aux infrastructures). Parmi eux, seul Aramco a franchi le cap des 2.000 milliards USD, sans pour autant s’inscrire dans la dynamique de croissance des firmes américaines. Cette asymétrie s’explique en partie par le modèle économique de ces groupes, encore dépendant des ressources naturelles et moins résilient à l’innovation de rupture.
Une nouvelle géographie de la puissance
La liste des entreprises à plus de 1.000 milliards montre une concentration extrême de la valeur dans l’écosystème américain, au cœur d’un triptyque gagnant : innovation technologique, marchés financiers puissants, et écosystème entrepreneurial performant.
À l’inverse, la Chine et les pays producteurs de pétrole peinent à convertir leur poids économique en capitalisation boursière durable, freinés par des marchés moins libéralisés ou des structures économiques peu agiles.
La domination technologique façonne la hiérarchie mondiale
Les capitalisations records atteintes par Microsoft, Apple ou NVIDIA ne sont pas uniquement financières. Elles traduisent une prise de pouvoir stratégique sur les infrastructures du futur cloud, intelligence artificielle, semi-conducteurs, là où se concentre désormais la valeur. Ce basculement interroge sur la place qu’occuperont les pays émergents dans le monde de demain.
Sans un repositionnement massif autour de l’innovation, du numérique et des savoirs, ils risquent de rester cantonnés à la périphérie d’un système où la donnée, la puissance de calcul et les algorithmes sont les nouveaux minerais du XXIe siècle.
Flory Musiswa