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Jean-Lucien Bussa : « l’industrie locale doit être protégée par l’Etat »

Le ministre du Commerce extérieur, Jean – Lucien Bussa est formel : « l’industrie locale doit être protégée par l’Etat congolais contre toute concurrence extérieure déloyale avec leurs effets corolaires sur le secteur privé, l’économie nationale et le social du congolais ». C’est ce qui justifie les quatre arrêtés ministériels qu’il a pris, au nom du Gouvernement.
Il s’agit de : la suspension temporaire d’importation des bières et boissons gazeuses ; limitation temporaire d’importation des sucres bruns dans la partie ouest de la RDC ; la restriction d’importation des sacs, sachets, films et autres emballages en plastique ; et le dernier arrêté est relatif aux marchandises prohibées ou soumises à des mesures restrictives à l’importation et à l’exportation. Jean – Lucien Bussa a répondu aux questions de Zoom Eco.
Zoom Eco : Monsieur le ministre, pourquoi avoir pris cette série d’arrêtés ministériels ?
Jean-Lucien Bussa : Une économie repose sur ses capacités à produire des richesses. Et l’industrie est là pour pouvoir le faire. Nous avons une industrie dont les branches sont menacées depuis des années par la concurrence extérieure, en particulier la concurrence déloyale. Parce que dans certaines de nos frontières, rentrent une quantité des produits qui, pourtant, existent dans notre pays, produits par l’industrie locale mais qui viennent perturber les règles du marché. La pratique du dumping (des prix les plus bas) cause du tort à notre industrie. En même temps qu’elle ne permet à pas à nos finances publiques de pouvoir accroitre les recettes dans ces secteurs.
Nous étions donc en devoir de prendre de mesures de régulation nécessaire pour pouvoir, une fois de plus, donner un coup de pousse à l’industrie nationale (brassicole, cimenterie, fonderie mais la sucrière). Et donc, notre industrie doit être protégée, non au sens du protectionnisme, elle doit avoir le soutien régalien de l’Etat régulateur pour permettre à ces branches d’activités de fonctionner.
Savez – vous que lorsque ces branches d’activités sont menacées, c’est la croissance de la richesse nationale, la perspective des emplois mais aussi le social qui sont menacés. L’Etat a intérêt à protéger les deux compartiments socio-économiques pour permettre à ce que l’industrie joue son rôle. Donc, la motivation première est celle de donner à cette industrie la possibilité de mettre en mouvement son potentiel, ses capacités de sorte que l’offre nationale de ses produits soit de plus en plus importante et que la demande nationale soit satisfaite par cette offre. Des importations dans ce cas sont nécessaires pour compléter l’offre nationale.
ZE : Quel est l’impact économique de ces mesures temporaires sur l’industrie congolaise ?
JLB : L’impact est certain. Premièrement. Au lieu que certaines branches d’activités ferment, elles vont continuer à fonctionner. Rappelez-vous que la Bralima Mbandaka a fermé il y a quelques années tout comme la Bralima Boma. Nous avons la Cilu, la sucrière de Kwilu ngongo, … qui ont des capacités installées plus importantes que leurs niveaux de productions actuelles. Parce que la concurrence est telle qu’elles ne savent pas déployer toute la ressource disponible. Notre rôle est de permettre à ces entreprises de de ne pas disparaître.
Deuxième impact. Ces sont des emplois que ces entreprises créent. On ne peut pas compter le nombre de chômeurs, le pays est grand. Mais les quelques industries qui sont créées pour résorber le chômage doivent être protégées. En les protégeant, nous protégeons nos emplois.
Troisième élément, c’est la redistribution des revenus du fait de la redistribution des salaires directement et indirectement. Enfin, les recettes de l’Etat. L’Etat vit des impôts et des taxes. Toutes ces industries payent des impôts et des taxes. Plus les activités de ces industries croissent, mieux les taxes et impôts sont payés, mieux l’Etat dispose des moyens pour faire face à ses dépenses budgétaires.
ZE : Qu’en est – il des attentes du Gouvernement ?
JLB : Le Gouvernement attend au-delà. Je l’ai indiqué tout à l’heure. Les emplois doivent être garantis dans le pays. Et s’ils sont de moins en moins nombreux, ils doivent devenir de plus en plus nombreux et importants. Si les branches d’activités se déploient de plus en plus, de mieux en mieux, nous avons d’autres emplois et nous avons de la richesse. Si nous avons de la richesse produite par nos industries, nous avons de plus en plus des entreprises qui font des bénéfices. Et si elles font de bénéfices, nous avons des impôts et taxes conséquents. Et l’Etat se donne de plus en plus les moyens de son action. La mesure est prise dans l’intérêt de protéger l’industrie locale et aussi de garantir à tous les intérêts qui découlent du fait des mesures de régulations économiques.
ZE : L’application de ces mesures souffre dans leur mise en œuvre avec les entrées frauduleuses des produits interdits sur le sol congolais. Qu’est – ce qui rassure que cette fois – ci les choses vont changer ?
JLB : Avant des prendre ces mesures, nous avons fait des descentes sur terrain. J’étais à Aru , Goma, Kasumbalesa, Muanda, dans la plupart des frontières importantes des flux des marchandises dans le pays. Et nous avons noté qu’il y a des considérations de pouvoir observer. Nous avons quatre services opérationnels aux frontières. Il y a l’OCC, c’est pour veiller à la qualité des produits. Nous avons la douane qui a toute panoplie de réglementations en matière de gestion d’entrée des marchandises ou de leur sortie du pays. Nous avons la DGM pour veiller au mouvement des personnes. Nous avons aussi nos services d’hygiène aux frontières qui travaillent. Ces services-là ont l’obligation de prendre à bras-le-corps les mesures que nous avons prises pour les implémenter très rapidement. Ils sont très aguerris pour ça.
Pour éviter que la fraude ne puisse affecter ces mesures, nous avons, dans les mesures règlementaires prises, rappelé que les importateurs frauduleux, verront leurs produits être réexpédiés vers les pays d’importation s’ils n’ont pas respecté les règles. Mais, c’est vrai aussi qu’il y a de personnes morales et/ou physiques importatrices qui doivent avoirs passés leurs commandes avant que les mesures aient été prises, ou qui doivent avoir signées des contrats avec des sociétés étrangères avant la prise de ces mesures. Tous ces opérateurs économiques doivent aussi être protégés parce qu’il suffirait pour eux de nous présenter les éléments en rapport avec leur importation pour les examiner. Tout importateur disposant de sa licence d’importation en bonne et due forme, il ne faut pas le jeter dans la rue. Il faut le protéger. Ces précautions sont prises pour garantir à tout opérateur économique importateur et exportateur que, dans ce pays, on peut faire du commerce sans entrave.
Fin