Finance
RDC : la SNEL privée de 4 milliards USD dans le secteur minier en 5 ans

En raison de sa faible capacité électrique, environ quatre (4) milliards de dollars dans le secteur minier ont échappé à la Société nationale d’électricité (SNEL) sur les cinq (5) dernières années.
Ces vertigineuses révélations ont été faites en marge du Forum Makutano par Fabrice Lusinde, Directeur Général de la dite société.
« Les clients miniers achètent de l’énergie à la SNEL pour environ 800 millions de dollars. Mais à côté de cela, ils importent d’Afrique australe pour 200 millions de dollars d’électricité et, selon nos calculs, ils dépensent également entre 500 et 600 millions de dollars pour des produits pétroliers afin de faire fonctionner leurs parcs thermiques (…). Au final, on se rend compte que les miniers ont dépensé environ 4 milliards de dollars sur les cinq dernières années », a-t-il déclaré dans un panel axé sur le thème : « Déficit énergétique : et si les miniers apportaient la lumière ? »
Des experts renseignent que ce résultat est dû à la mauvaise planification, mais surtout à l’absence d’une politique énergétique conformément aux atouts dont dispose le pays dans ce sens.
Cette situation a entraîné des tempêtes dans la production de certaines entreprises minières, à l’instar du géant canadien opérant en République Démocratique du Congo, Ivanhoe Mines, qui a réduit ses prévisions de production pour 2024 de 9% en octobre 2024.
Ainsi, l’entreprise vise désormais entre 425.000 et 450.000 tonnes de cuivres contre 440.000 à 490.000 tonnes initialement prévues, suite aux intempérances électriques.
En réponse, l’entreprise prévoit désormais l’installation des capacités énergétiques supplémentaires sur le site, ainsi que l’importation d’électricité pour stabiliser la consommation afin de pallier la carence.
Cet aspect de choses illustre le faible segment de la société à faire face aux défis de taille.
La République Démocratique du Congo a une longue épopée sur des questions énergétiques, et jouit d’un potentiel hydroélectrique énorme, allant jusqu’à faire d’elle de « scandale énergétique » continental.
Néanmoins, plusieurs projets de nature à booster l’économie du pays, impulser une dynamique de croissance centrée sur l’énergie, peinent à amorcer un décollage stratégique, à l’instar du projet Grand Inga dont le coût global, selon les experts, est estimé autour de 100 milliards de dollars pour sa réalisation.
SNEL : infrastructure vieillissante, modèle économique en désuétude !
La Société nationale d’électricité (SNEL) fait face à des défis structurels énormes, illustrant même la stagnation voire le statu quo que traverse la société en termes des avancées qui auraient pu être enregistrées à ces jours.
Primo, la société continue de s’appuyer sur une infrastructure de production et de distribution vieillissante, l’empêchant souvent à atteindre ses capacités de production installées conformément aux prévisions des experts.
Secundo, un modèle économique en désuétude, illustré via une rentabilité économique de seulement 3%, l’empêchant souvent à emprunter à long terme sur le marché local, truffé des banques qui exigent des taux d’intérêt avoisinant 13% sur les obligations d’État en devises, afin de faire face aux défis liés à l’économie.
Flory Musiswa