Economie
Monde : 2 milliards de personnes exclues de la protection sociale

Alors que 4,7 milliards de personnes bénéficient aujourd’hui de systèmes de protection sociale, deux milliards d’individus, principalement dans les pays à faible revenu, restent totalement ou partiellement exclus. C’est ce qu’indique le nouveau rapport de la Banque mondiale intitulé : « Le défi des 2 milliards de personnes ».
Publié par la Banque mondiale, le rapport dresse un bilan à double tranchant : au cours des dix dernières années, notamment depuis la pandémie de Covid-19, les pays à revenu faible et intermédiaire ont étendu la protection sociale à un nombre record de 4,7 milliards de personnes. Pourtant, l’exclusion reste massive : trois personnes sur quatre dans les pays à faible revenu n’ont toujours pas accès aux services sociaux de base.
À ce rythme, il faudrait encore 18 ans pour assurer une couverture universelle des populations en situation d’extrême pauvreté. Une projection qui inquiète les experts indépendants.
« Il ne suffit plus de penser en termes d’aide monétaire, il faut considérer la protection sociale comme un levier structurel de développement. », insiste une spécialiste des politiques publiques interrogée par Zoom-eco.net.
En effet, la protection sociale va bien au-delà des transferts directs : elle englobe aussi l’accès à l’information, aux services financiers, à la formation, et à des dispositifs d’assurance et d’insertion professionnelle. Ces piliers sont essentiels pour accompagner les transitions économiques, amortir les chocs et créer des opportunités d’emploi.
L’épreuve du Covid-19 a été révélatrice : dans les pays en développement, 1,7 milliard de personnes ont bénéficié de mesures de soutien d’urgence. Mais seuls les États dotés de systèmes robustes ont pu agir rapidement. Une leçon, selon la Banque mondiale, qui confirme l’urgence d’investir massivement dans des infrastructures sociales : bases de données, systèmes de paiement numériques, outils d’alerte précoce…
Les femmes, grandes perdantes de l’inégalité sociale
Sur un panel de 27 pays analysés, les femmes perçoivent en moyenne 81 centimes contre un dollar pour les hommes. Ces écarts s’ajoutent à une réalité plus large : les personnes sans filet social sont majoritairement concentrées dans des zones fragiles, marquées par les conflits, l’insécurité alimentaire et l’instabilité politique, notamment en Afrique, en Asie du Sud et au Moyen-Orient.
Face à ce défi colossal, la Banque mondiale préconise trois grandes priorités :
1. Élargir la couverture en renforçant les systèmes nationaux de protection sociale, même avec des budgets limités.
2. Favoriser l’autonomie en aidant les populations à passer d’un soutien de survie à des dispositifs d’émancipation économique.
3. Rendre les systèmes réactifs aux chocs, en misant sur des technologies et des données capables de garantir une réponse rapide et efficace en temps de crise.
Pour les pays à faible revenu, il ne s’agit plus de savoir si investir dans la protection sociale est prioritaire, mais comment le faire efficacement, avec les moyens disponibles.
En somme, conclut le rapport, la véritable fracture n’est plus seulement économique, mais institutionnelle.
Flory MUSISWA