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RDC : élections, l’irréalisme du plan de décaissement exige un réajustement !
[EDITO] – Le plan de décaissement du budget électoral rendu public récemment par le gouvernement congolais au Conseil de sécurité de l’Onu nécessite un réajustement. Raison : les montants alloués à chacune des tranches mensuelles risquent d’occasionner le bouclage tardif des 432 millions USD. Cela pourrait retarder le processus de commandes, de livraison et de déploiement du matériel électoral de la CENI par rapport à ses deadline contraignants.
A scruter le plan de décaissement du budget électoral du gouvernement, il s’avère qu’à 30 millions USD par mois, il faudra 14 mois et demi pour boucler le budget électoral de 432 millions USD. Cela signifie que l’année 2018 s’achèvera sans que le gouvernement n’ait débloqué tout ce qu’il faut pour que la CENI organise les élections.
Dans l’hypothèse où le gouvernement décaisserait 40 millions USD chaque mois, le bouclage de 432 millions USD du budget électoral interviendra au 11ème mois. Si l’on considère le début de décaissement en février, le dernier tombera normalement en décembre 2018.
Les deux hypothèses semblent ne pas être en phase avec les deadline opérationnels contraignants de la CENI.
D’après l’analyse des experts en matière électorale, le bouclage du budget électoral pour les trois premiers scrutins, chiffré à 432 millions USD, devrait normalement intervenir au plus tôt fin juillet et, au plus tard, fin septembre 2018.
Ce n’est qu’en respectant ce deadline que la CENI pourrait, en toute tranquillité, passer ses différentes commandes des matériels et équipements électoraux à temps. Ce poste représente, à lui tout seul, un total de 236,5 millions USD, soit 54% du budget électoral à décaisser éventuellement dès août prochain.
Vient ensuite le poste lié au déploiement du matériel et du transport du personnel chiffré à 46,3 millions USD, soit 10,7% du budget électoral.
Le reste du budget électoral, soit près de 150 millions USD, prend en compte le dispositif de transmission rapide et sécurisé des résultats électoraux ; les salaires du personnel des opérations ; la formation électorale ; l’éducation, la sensibilisation et la communication ; et autres charges liées aux opérations électorales.
Pour respecter ces deadline, le gouvernement devrait faire le choix entre deux options du réajustement de son plan de décaissement :
- La première consisterait à liquider les 432 millions USD en trois tranches de 144 millions USD chacune tous les deux mois entre Février et Juillet 2018. Cette option exigerait au gouvernement de consentir beaucoup d’efforts dans la mobilisation de recettes notamment par la lutte contre le coulage et la réduction du train de vie des institutions afin de pouvoir affecter cet argent à la CENI.
Bien que contraignante, cette option est exploitable d’autant plus qu’elle est une réponse au désir le plus ardent du peuple congolais d’aller aux urnes le 23 Décembre 2018 pour renouveler son président de la République, ses élus nationaux et provinciaux.
- La deuxième option serait d’augmenter presque de moitié les prévisions de décaissements du gouvernement qui passeraient ainsi de 30 à 40 millions USD à 54 à 72 millions USD chaque mois à partir de Février. L’avantage de cette option est celui de permettre au gouvernement de boucler le budget de 432 millions USD au plus tôt, en Juillet prochain, et au plus tard en Septembre prochain.
A tout prendre, le réajustement de l’actuel plan de décaissement s’avère impérieux pour éviter l’ajournement des élections ou des découverts bancaires à la centrale électorale pour être dans les délais. Bien plus, il est une contrainte inévitable pour le gouvernement Tshibala, si et seulement si, ce dernier tient à ce que les élections aient lieu le 23 Décembre 2018 tel que prévu dans le calendrier électoral publié par la CENI.
Eric TSHIKUMA | Zoom Eco